«Sport féminin toujours» : il faut offrir un vrai statut social aux sportives de haut niveau pour parachever la professionnalisation

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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin s'intéresse à l’opération "Sport féminin toujours", organisée par l’Arcom, le nouveau CSA, pour que les sportives aient plus de place dans les médias. Selon elle, les sportives de haut niveau doit avoir un véritable statut social pour parachever leur professionnalisation.

Cette semaine a lieu l’opération « Sport féminin toujours », organisée par l’Arcom, le nouveau CSA, pour que les sportives aient plus de place dans les médias. Pour vous les médias ont une responsabilité, mais il faut aussi que le monde du sport avance par lui-même, notamment en offrant un vrai statut social aux sportives de haut niveau pour parachever la professionnalisation. 

Ces derniers jours, il y a eu beaucoup de bruit autour des volleyeuses du RC Cannes. Un club mythique, ancien fer de lance du volley français, 21 titres de championnes de France, 2 ligues des championnes, mais aujourd’hui en difficulté. Le président du club a menacé les joueuses de baisser leur salaire de 30 % à cause de leurs résultats insuffisants. Et si elles ne sont pas contentes, elles peuvent toujours s’en aller, leur contrat sera résilié. Un courrier complètement lunaire, dénoncé par les joueuses, par leur syndicat et par la ligue de volley. D’abord parce que c’est contraire au code du travail. Donc il y a eu des réactions fortes, et tant mieux. Depuis, les esprits se sont apaisés. Mais cet épisode a peut-être du bon finalement. Il a le mérite de montrer que si un président se permet ça, s’il peut y avoir des retards de salaires pour les joueuses comme elles le dénoncent, c’est parce qu’on n’a pas achevé la professionnalisation dans le sport au féminin. Pour être totalement pro, il faut une convention collective qui garantisse un véritable statut social aux volleyeuses. Et c’est valable pour les autres sports collectifs aussi.

Le handball français s’est doté, lui, d’une convention collective pour les joueuses.

 

La voie à suivre, on la connaît, c’est celle-là. Ca va faire un an que cette convention collective a été ratifiée pour les handballeuses des clubs de l’élite française. Convention qui existe depuis 15 ans chez les hommes. Mais pour l’instant, le handball reste le seul sport collectif français à avoir franchi le pas. Alors ça veut dire quoi, concrètement, cette avancée ? La garantie d’un salaire minimum, 7 semaines de congés payés, un salaire maintenu en cas de grossesse et la possibilité d’avoir une formation pour une reconversion. Et ça fonctionne ! Si vous êtes sportive de haut niveau mais que vous devez avoir un autre job en même temps ou si vous devez choisir entre être mère ou poursuivre votre carrière, ça n’aide pas à améliorer vos performances. Faire progresser le sport au féminin, ça passe par là. Sinon, ça veut dire qu’on ne va pas au bout de la professionnalisation. Les autres sports collectifs seraient bien inspirés de suivre cet exemple. Je ne dis pas qu’il ne se passe rien ailleurs, il y a des projets, au basket notamment, mais c’est trop lent, et ça reste souvent à l’état de projet. Plus de protection sociale pour les sportives égale des performances en hausse, donc plus de visibilité aussi. Et au bout de la chaîne, les petites filles seront plus attirées par le sport. Gagnant gagnant.