Virginie Phulpin 2:49
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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Vendredi, Virginie Phulpin revient sur l'absence de la plupart des candidats à l'élection présidentielle au grand oral sur la thématique du sport organisé par le CNOSF.

Le CNOSF, le Comité olympique français, organisait jeudi un grand oral des candidats à la présidentielle sur la thématique du sport. Et ils ne sont que trois à avoir répondu présents. Le sport est décidément le grand absent de cette campagne.

Si le XV de France bat l’Angleterre demain au stade de France et réalise le Grand Chelem dans le Tournoi des 6 Nations, à votre avis, combien de candidats à la présidentielle vont féliciter les Bleus et se répandre sur les vertus du sport qui fait notre fierté nationale ? Pas de suspense : tous ! Un tweet par-ci, un selfie par-là. À chaque médaille, à chaque coupe, à chaque exploit de nos champions on a droit à ces hommages le cœur sur la main. Maintenant combien de candidats ont répondu présents à l’invitation du CNOSF pour son grand oral sur le sport ? Trois ! Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Fabien Roussel. Merci à eux, quand même. Mais pourquoi étaient-ils si peu nombreux ? Ça en dit long sur la place du sport dans cette campagne, sur l’importance qu’on accorde au sport dans ce pays aussi. Aucune. À part pour se faire mousser quand nos sportifs gagnent. Il y a 16 millions de licenciés sportifs en France. On fait comme s’ils n’existaient pas ? On a déjà oublié les grandes phrases d’il y a deux ans, au cœur du premier confinement, quand on se disait à quel point le sport était indispensable pour la santé, pour l’apprentissage de la vie en groupe, pour le respect des règles, pour l’entraide, et pour faire briller la France à l’international pour ce qui concerne le haut niveau ? La liste est longue…

À leur décharge, les candidats à la présidentielle ont des agendas bien remplis…

C’est là où le CNOSF et ses partenaires ont commis une erreur. Ils voulaient que ce soit les candidats en personne qui viennent défendre leur projet pour le sport. Et effectivement, une matinée entière pour parler de sport, ça peut sembler un peu chronophage. Et un peu à côté de la plaque notamment en regard de la situation internationale. Même si ça n’est pas la guerre en Ukraine qui a fait disparaître le sport de la campagne. Il était déjà absent avant. Mais admettons. Ça aurait sans doute été plus efficace de faire venir ceux qui s’occupent directement de la thématique sport dans les équipes des candidats. Pas forcément les candidats eux-mêmes. Ça nous aurait peut-être évité cette politique de la chaise vide. Et cette conclusion amère que le sport n’intéresse pas la plupart des politiques. Il y a des questions intéressantes qui ont été abordées hier. Est-ce qu’il faut un ministère des Sports de plein exercice ? Quel statut pour les athlètes de haut niveau ? Comment rénover les nombreux équipements sportifs vieillissants dans nos territoires ? Le sport à l’école, le sport santé… N’oublions pas non plus que le sport en France, ce sont des bénévoles évidemment, mais aussi 150 000 salariés. Et un secteur qui pourrait créer 50 000 emplois dans le prochain quinquennat. Ça n’intéresse toujours personne ? La France va accueillir la Coupe du monde de rugby l’an prochain, les Jeux Olympiques et paralympiques dans deux ans. À ce moment-là, n’en doutons pas, il y aura du monde pour encourager les Bleus. Mais jeudi on était assez loin de la nation sportive.