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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin revient sur l'exclusion de la Russie du Mondial 2022. Selon elle, la Fifa rompt son principe de neutralité pour la bonne cause.

Le CIO s’appuie sur la violation de la trêve olympique pour demander à toutes les fédérations internationales de bannir les sportifs russes et biélorusses des compétitions internationales. La FIFA et l’UEFA ont suivi ces recommandations. La Russie ne devrait pas participer à la prochaine coupe du monde. On vit un moment historique dans le sport mondial. 

Le communiqué du CIO va faire date. Le comité international olympique ne pouvait pas accepter qu’un pays bafoue ouvertement la trêve olympique. Il faut dire que la Russie a déclenché la guerre en Ukraine entre la fin des jeux olympiques de Pékin et le début des jeux paralympiques. Difficile de ne pas réagir. Il est particulièrement intéressant, ce communiqué. Parce que le mouvement olympique explique le dilemme devant lequel il s’est retrouvé. Son but n’est pas de punir des athlètes pour des décisions prises par leur gouvernement. Mais en même temps, avec cette guerre, les Russes peuvent continuer à prendre part à des événements sportifs, alors que de très nombreux athlètes ukrainiens ne peuvent pas parce que leur pays est attaqué. Donc le CIO a décidé de sévir, en expliquant que ça n’était pas de gaieté de coeur. Exposer de manière aussi transparente les problèmes moraux et les questions d’équité sportive devant lesquels le mouvement olympique s’est retrouvé avant de trancher, ça me semble important, pour que chacun comprenne le cheminement vers la décision. On dit souvent quand ça ne va pas, il faut aussi souligner quand les choses sont bien faites. C’est tellement clair que la FIFA et l’UEFA ont emboîté le pas du CIO. Pourtant la FIFA traînait un peu des pieds. Ca veut donc dire que la Russie ne participera pas aux barrages de la coupe du monde, et que les footballeuses russes n’iront pas à l’Euro cet été en Angleterre. A l’échelle du sport, c’est énorme. On parle du pays qui a organisé la dernière coupe du monde.  

La fédération russe de football parle pourrait contester ces sanctions.

 

Oui, pour ça il faudrait déposer un recours devant le tribunal arbitral du sport. Mais ça va être difficile à défendre. Qu’on le veuille ou non, les sportifs russes représentent leur pays avec leurs sélections nationales. Un pays qui en a envahi un autre. Bien sûr qu’ils ne sont pas tous d’accord avec cette guerre, bien sûr que c’est un crève-coeur de voir certains sportifs privés de la compétition de leur vie alors qu’ils ne prennent pas part aux agissements de leur gouvernement. Mais ils représentent leur pays. Il ne s’agit pas de faire de chaque sportif russe un suspect d’accointance avec le régime de Vladimir Poutine. Il s’agit de mettre la Russie au ban des nations sportives. C’est important de faire le distinguo. C’est un moment historique pour le sport, le CIO a pris une décision politique, loin de la neutralité souvent revendiquée. La FIFA et l’UEFA ont suivi. Et c’est un tournant. Parce qu’à partir de maintenant, les instances du sport mondial vont toujours être questionnées sur l’attitude à adopter vis à vis de sportifs qui viennent de pays coupables d’agression. Une nouvelle ère a débuté hier.