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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin s'intéresse à la victoire des Ukrainiens contre l’Ecosse, trois buts à un hier soir en demi-finale des barrages de la Coupe du monde de football. Selon elle, ils sont en mission pour apporter un peu de réconfort à leur pays qui résiste à la Russie.

C’est presque un miracle. L’Ukraine n’est plus qu’à un match de la coupe du monde. Les Ukrainiens ont battu l’Ecosse 3 buts à 1 hier soir en demi-finale des barrages. Ils sont en mission pour apporter un peu de réconfort à leur pays qui résiste à la Russie.

Qu’est-ce qu’une bataille sur un terrain de football à côté de la guerre que mène l’Ukraine pour résister à l’invasion russe ? La volonté de se qualifier pour la coupe du monde pourrait être une anecdote sans importance dans un pays où le ballon est plus que jamais accessoire. Mais les footballeurs ukrainiens portent au contraire les espoirs de tout un peuple qui veut les voir porter haut les couleurs bleu et jaune. Ces derniers jours, ils ont reçu des tas de sms de soldats sur le front leur demandant de leur offrir une qualification pour la coupe du monde. Parce que la bataille se joue à tous les niveaux. Hier soir en Ecosse, les Ukrainiens portaient un maillot hautement symbolique. Avec une carte de l’Ukraine incluant la Crimée et des flocages composés des noms des villes martyrisées depuis le début de la guerre. S’il fallait une preuve de plus que le sport se joue au moins autant dans la tête que dans les jambes, les Ukrainiens nous l’ont apportée hier soir. Entre les attentes de la population et le manque de préparation, cette équipe aurait pu sombrer, mais elle s’est transcendée. Plus de la moitié des titulaires évoluent dans le championnat ukrainien. Ca veut dire qu’ils n’avaient pas disputé le moindre le match depuis le mois de décembre. Pas de compétition dans les jambes, pas d’automatismes, mais le sens des responsabilités et une âme de combattants qui vous transforme une équipe promise à l’élimination en équipe en mission. Les Ukrainiens ont tout de suite pris le match à leur compte, en dominant les Ecossais sans partage pendant une heure, avant de résister de toutes leurs forces dans la dernière demi-heure. Panache et héroïsme. Parce que l’Ecosse avait prévenu, elle n’allait pas laisser l’Ukraine gagner par charité. Et tant mieux.

Pas de cadeau sur le terrain, mais une vraie communion en tribunes

Les supporters écossais ont été fidèles à leur réputation. Celle d’un public remarquable. Qui pousse son équipe et qui respecte ses adversaires.

L’hymne ukrainien chanté par tout le stade avant le début du match. Les Ecossais avaient fait l’effort d’apprendre les paroles en phonétique pour communier avec les Ukrainiens. Et encore plus fort, après la rencontre, leur équipe tout juste éliminée de la course à la coupe du monde, ils ont digéré leur déception en quelques minutes pour applaudir à tout rompre l’équipe ukrainienne, pour rendre hommage à ces joueurs qui veulent offrir un espoir à leur pays meurtri. C’est ça aussi le monde du football, le peuple des tribunes. Pas exactement des hooligans sans foi ni loi ni billets valables. Le football et ses supporters si souvent décriés peuvent encore nous offrir des moments de grâce et de fraternité. Les Ukrainiens ne sont plus qu’à une marche de la coupe du monde. Ils affronteront le Pays de Galles dimanche à Cardiff. Encore des Britanniques qui ne les laisseront pas gagner, mais qui sauront les recevoir avec tous les égards dus à une équipe en mission. Comme si l’Ukraine participait au jubilé de la Reine.