2:27
  • Copié

Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur la défaite de Rafael Nadal face à Stefanos Tsitsipas mercredi en quarts de finale de l'Open d'Australie.

Stefanos Tsitsipas a fait chuter Rafael Nadal mercredi en quarts de finale de l’Open d’Australie. L’Espagnol avait remporté les deux premiers sets, mais il s’est incliné en cinq manches. Pour Virginie Phulpin, ce genre de retournement de situation improbable fait toute la beauté du tennis.  

"C’est un sport qui peut vous rendre fou. Un sport où une balle, un coup de raquette - un seul - peut changer votre destin. C’est vertigineux quand on y pense. Rafael Nadal survolait son quart de finale contre Stefanos Tsitsipas. Deux sets à zéro. L’Espagnol est alors en démolisseur appliqué et maître du jeu face à un Grec impuissant promis au triste sort de victime trop tendre. S’il y avait eu du public dans les tribunes de Melbourne, certains spectateurs auraient peut-être même quitté le stade face à cette partie courue d’avance.

Mais c’est là que la magie, ou la cruauté du tennis opère, selon le côté du court où vous vous trouvez. Jeu décisif dans le troisième set. Rafael Nadal remporte le premier point. Mais sur le deuxième, il rate complètement un smash facile. Cela n'aurait pu être qu’une péripétie. Mais en fait, c’est là que tout a basculé. Sur un point. Un raté qui instille le doute dans le cerveau de Nadal, un point inespéré qui laisse entrevoir la possibilité d’un espoir chez Tsitsipas. Vous voyez les précautions oratoires que je prends. Et pourtant, ça change tout. Une balle mal frappée par Nadal et Stefanos Tsitsipas a ouvert les yeux, a retrouvé ses jambes, a avancé sur le court, a frappé plus fort, plus juste. Comme s’il se mettait à grandir sur le terrain pendant que Rafael Nadal rapetissait inexorablement. Pour moi, ce genre de moment fait la grandeur du tennis. Quasiment la métaphore d’une vie où le hasard d’une rencontre, ou d’une action, vous fait basculer vers autre chose.

C’est aussi une formidable pub pour les matches en cinq sets...

Vous imaginez si ce quart de finale s’était joué en deux manches gagnantes ? Rafael Nadal aurait gagné 6-3 6-2. Circulez, il n'y a rien à voir. Je n’ai absolument rien contre l’Espagnol, au contraire. Il n’a même pas cherché d’excuses après sa défaite. "Non, je n’ai pas mal au dos. Tsitsipas a été extraordinaire dans la deuxième partie du match. Et j’ai raté des balles que je n’ai pas le droit de rater. C’est la vie." Oui, c’est la vie, c’est le tennis. Et c’est comme ça qu’on a envie de le voir.

Un match n’est jamais fini avant le dernier point. Cette phrase paraît un peu ridicule. Mais elle est tellement vraie et c’est ce qui donne la saveur à ce sport où la psychologie et le mental ont tant d’importance. C’est aussi en voyant Rafael Nadal s’incliner après avoir remporté les deux premiers sets aussi facilement qu’on se rend encore plus compte de la carrière monumentale qu’il accomplit. C’est rarissime qu’un grain de sable le fasse dérailler. Rarissime, mais possible. C’est ça le tennis, le champ des possibles. Alors à tous ceux qui réfléchissent aux réformes à accomplir dans le tennis, ne touchez pas aux matches en cinq sets !"