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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient évidemment sur le décès de Diego Maradona à l'âge de 60 ans. Selon elle, c'est la mort du football de notre enfance.

Diego Maradona est mort ce mercredi à l’âge de 60 ans. Pour Virginie Phulpin, c’est une part du football que l’Argentin emporte avec lui. Un football qu’on ne reverra plus.  

Diego Maradona était le football. Il le sentait, il transpirait le football. Il l’inventait et le réinventait aussi. Au gré de ses feintes et de sa conduite de balle. Sur le terrain c’est lui qui décidait où il envoyait ses adversaires. Un génie de l’élimination. Comme un dieu du ballon descendu jouer parmi les hommes. Tant et si bien qu’on a fini par le croire immortel, à force de se régaler encore et toujours devant les vidéos de ses plus belles actions.

On dit souvent d’un grand joueur qu’il a marqué une génération. Mais Diego Maradona, c’est bien plus que ça. Il a marqué toutes les générations. Les milliers de petits Diego qui courent dans les rues de Naples balle au pied aujourd’hui encore peuvent en témoigner. La passion de Maradona est un héritage.

Ça n’est pas en disséquant des feuilles de stats comme on aime tant le faire dans le football d’aujourd’hui qu’on peut appréhender Diego Maradona. Quand un joueur enchaîne la main de Dieu et le but du siècle dans un même match, ce quart de finale de la coupe du monde 1986 contre l’Angleterre, sur la route de la victoire, c’est difficile de le mettre dans une case.

Et c’est ce mélange des genres, l’attraction des contraires, si complexe à apprécier, qui donne une place à part à Diego Maradona dans le football. Une place qu’aucun autre joueur ne pourra jamais lui disputer. Entre poésie, génie et roublardise. C’est aussi à ce football là qu’on a dit adieu ce mercredi.  

On a aussi dit adieu au dernier des rebelles 

On ne peut pas se souvenir de Diego Maradona que par son jeu, si génial soit-il. C’est l’homme qui était hors-normes, pas juste le joueur. Diego Maradona s’est mêlé de politique, de religion, il a voulu porter la cause du peuple à chaque moment de sa vie. Et c’est aussi comme ça qu’il a créé sa légende, qu’il a redessiné les frontières de son sport et qu’il est devenu un mythe. Un mythe avec sa face obscure, bien sûr. Ses relations avec la Camorra, ses addictions. Tous ses côtés sombres ont été mis en lumière. Une lumière crue.

Diego Maradona, on l’adorait ou on le haïssait, on pouvait même ressentir les deux sentiments opposés pour lui, et tout ce qu’il représentait. On oscillait en permanence entre le feu et la glace. Et c’est à cette complexité qu’on renonce aujourd’hui, dans un football où la tiédeur a remplacé les brûlures. On ne reverra pas de personnage comme Diego Maradona. Le formatage ne permet plus ces excès. Pour le meilleur et pour le pire.

Tour à tour dieu du foot, homme imparfait, héros des foules et rebelle pour toujours, Diego Maradona n’était donc pas immortel. Et il emporte avec lui l’idée d’un football épique et romanesque auquel on a du mal à dire adieu.