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Chaque matin, Michaël Darmon a carte blanche pour nous éclairer sur un sujet qui l'a marqué dans l'actualité.

Avec la polémique autour du train de vie de François de Rugy lorsqu’il était président de l'Assemblée nationale, l’actuel ministre de la transition écologique est dans la tempête. Mais il est la preuve supplémentaire d’une malédiction nouvelle que vous avez décelée.

On peut l'appeler la malédiction des ministres d’Etat. Aujourd’hui Francois de Rugy, ministre d'Etat depuis septembre dernier, est réduit au silence impossible de parler des politiques publiques à cause d’une queue de homard qu’il dit être sortie de son contexte. Mais avant lui les porteurs du titre n’ont pas eu de chance non plus : Francois Bayrou garde des sceaux en étoile filante, Nicolas Hulot et Gérard Collomb en rupture de ban…4 ministres d’Etat en 2 ans.  C’est aussi le signe d’une évolution.

 

Est-ce à dire que le titre est galvaudé  ?

Il est loin le temps des intouchables. Le titre de ministre d'État est apparu sous Louis XIII pour désigner les conseillers du roi qui siégeaient au Conseil d'en haut, futur Conseil d'État. Supprimé au moment de la Révolution française, le titre de ministre d'État a été recréé sous le Premier Empire. Puis le titre est devenu un marqueur honorifique, un colifichet politique, qui n’a plus vraiment de sens.

 

Aujourd’hui le dilemme d'Emmanuel Macron est le suivant : se séparer d'un ministre affaibli sous la pression de l’opinion, ou résister aux révélations de la presse ?

C'est le dilemme officiel, mais en coulisses des ministres admettent que c'est de plus en plus compliqué. Car le face à face pouvoir- Mediapart, légitime, c’est aussi un risque : une autre expression de l'entre soi. Alors que les Français ne parlent que de cela, ils peuvent avoir l’impression que le sommet de l’état veut d’abord protéger l’un des siens. C’est la raison pour laquelle hier le président Macron a indiqué qu’il avait demandé au premier ministre de lui transmettre les éléments des enquêtes sur le cas De Rugy, donc l’issue est proche. Le président veut argumenter une décision sur des faits avérés et non pas sur des révélations. C’est la manière de montrer qu'à la différence de la gestion de l’affaire Benalla, il ne veut pas laisser pourrir la situation.

C’est aussi un changement personnel de méthode : encore une fois, il risque avec cette histoire de perdre le tempo de son action, et ça il n’en n’est pas question. Brigitte Macron avait déjà fait remarquer à propos de l’affaire Benalla : Emmanuel a du mal à se séparer. Dans le couple, la DRH ce serait plutôt elle. Et cette fois, la Première dame semble avoir  a été entendue.