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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique. Mercredi, il raconte les coulisses de l'intervention en urgence de l'armée française au Tchad le week-end dernier.

Le débat national et les questions intérieures focalisent la vie politique pourtant, il se passe également des événements en dehors du "grand débat national" comme l'intervention en urgence de l'armée française au Tchad le week-end dernier.

À Paris, alors que le gouvernement se prépare à l"'acte 12" des "gilets jaunes", une alerte des renseignements arrive dans la nuit de vendredi à samedi au sommet de l’État. Elle vient de Libye. Une cinquantaine de 4x4 a passé la frontière dans le désert en direction de N'Djamena, la capitale du Tchad. Des rebelles tchadiens veulent renverser le président Idriss Deby. Personne n’est au courant de ce qui se trame, mais le dirigeant du Tchad demande l’aide en urgence de la France.

Il faut savoir que le président Idriss Deby est un pivot du groupe appelé "G5 Sahel" en pointe dans la lutte contre les groupes terroristes dans la région et des accords de défense existent entre la France et le Tchad. Si Deby est renversé, c’est tout l’équilibre géo stratégique qui s’en trouve bouleversé.

 

Le président français donne alors son feu vert : des Mirages 2.000 décollent d’une base située non loin et prennent en chasse les Jeep dans le désert pour un survol d’avertissement. Les Mirages volent de plus en plus bas, presque au ras des véhicules, mais rien n’y fait. Les rebelles ignorent l’avertissement et poursuivent leur progression.

 

Dans sa capitale, Idriss Deby s’inquiète, le coup de force est imminent. Dimanche, un autre feu vert arrive de Paris : la patrouille des Mirages cloue au sol l’escouade des rebelles. Selon  Paris, il s’agissait d'entraver la progression hostile et de disperser la colonne. En réalité, l'enjeu est politique : il fallait sauver le régime tchadien pour conserver l’équilibre dans la région.

Cet épisode montre bien que la victoire militaire de la coalition contre Daech n’a pas réglé le danger du terrorisme et cette région du sud Sahel devient même l’épicentre de ce risque avec l’arrivée de combattants de l'EI démantelée qui se sont réfugiés en Libye. La France surveille cette évolution comme le lait sur le feu.

 

D’autant que le Sénégal, le Niger et le Cameroun sont dans le collimateur des anciens de Daech qui cherchent à infiltrer ces territoires ce qui explique l’attention extrême que portent les services de 'Élysee à une situation toujours délicate sur le dossier des djihadistes qui seront récupérés par la France et livrés à la justice.