Publicité
Publicité
"Gilets jaunes" : "Si les loups entrent dans Paris, on basculera dans la révolution"

"Gilets jaunes" : "Si les loups entrent dans Paris, on basculera dans la révolution"

La Carte blanche de Catherine Nay
08 décembre 2018 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Ce samedi, Catherine Nay décrypte "l'acte 4" des "Gilets jaunes".

 


Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous.

Ce samedi est un jour clé et sans doute décisif. Ce soir, on saura si le mouvement a définitivement basculé du côté de la violence et de l'anarchie ou s'il laisse espérer une possible sortie de crise et un espace favorable pour une prise de parole du Président Macron.

Dire qu'il y a un an, Emmanuel Macron songeait à commémorer mai 68, pour "sortir des discours maussades", disait-il. Il a bien fait d'y renoncer. Mais il y a un an, la France des "gilets jaunes", rassemblée de la Concorde à la Madeleine, pleurait Johnny. Emmanuel Macron avait fait applaudir le chanteur par la foule, peut-être pour ne pas être hué lui-même. Mai 68. Et voilà que l'Histoire repasse les plats, comme le disait le philosophe Hegel. Non comme une farce, mais peut-être cette fois comme une tragédie s'il y a des morts ce soir - car c'est bien l'hypothèse que l'Elysée envisageait sérieusement hier. C'était bien dans les propos du ministre de l'intérieur.

Mais n'était-ce pas aussi créer un appel d'air pour ces individus hyper violents, comment faut-il les appeler : les voyous, la racaille, qui veulent tout brûler sur leur passage, tout casser, tout piller, et aussi prendre d'assaut l'Elysée, attenter aux forces de l'ordre. On saura dans les heures qui viennent si les loups sont entrés dans Paris, comme le chantait Reggiani. Dans ce cas, on basculerait dans la révolution. En attendant, la capitale s'est muée, s'est métamorphosée en camp retranché, barricadé, avec les commerces fermés, les spectacles annulés. La clientèle des grands hôtels a plié bagage. Le monde entier nous regarde, sidéré.

Et comme dans toute crise paroxystique, il y a des pousse-au-crime.

Une partie de l'opposition, consciente des risques s'est modérée dans la journée d'hier. Beaucoup ont appelé au calme, parmi eux, ceux qui encourageaient les gilets jaunes à continuer, trop contents de gêner Macron, la plupart voulant lui faire payer très cher d'avoir décrété que leur vieux monde était mort et enterré, à commencer par François Hollande. Chez nous, sur Europe 1, Edouard Balladur, conseiller social de Georges Pompidou en mai 68, recommandait aux "gilets jaunes" de ne pas venir en masse à Paris aujourd'hui pour ne pas nuire à leur cause.

Bernard Tapie, qui disait : "un 'gilet jaune' à côté d'un casseur aura changé d'équipe", l'acteur Franck Dubosq, qui ne soutient plus les "gilets jaunes", parce qu'il les trouve trop "hargneux et haineux". Mais il y a des Ruffin qui disent que Macron finira comme Kennedy, un véritable appel au meurtre. Besancenot et Philippot, qui appellent au contraire à manifester en masse aujourd'hui. Mais ce qui étonne - on reste coi même - devant le journal Le Monde Diplomatique, qui a publié une carte réactualisée des lieux de pouvoir dans la capitale : banques, ambassades, médias, ministères, hôtels cinq étoiles, restaurants fréquentés par l'élite, un guide pour les incendiaires !

Mais il aura fallu l'entrée violente des lycéens pour que la classe politique s'inquiète vraiment.

Les lycéens, qui ne sont pas de bons petits diables : à Nantes, un conseiller départemental a été roué de coups devant un lycée. A Mantes, des images ont choqué. (Il est vrai qu'on vient d'interdire la fessée à l'Assemblée Nationale), celles de 151 lycéens arrêtés par la police. Et à Bordeaux les mains en l'air ou entravées par les menottes, face à un mur, comme s'ils allaient être fusillés, alors qu'il n'y a eu aucun blessé, aucune plainte. Depuis trois jours, ils étaient plus de 400, menaient la terreur, brûlaient des voitures, volaient des bonbonnes à gaz. Les policiers en ont arrêté 150. Ils ont été placés en garde à vue sous le contrôle des juges. Il fallait bien les calmer.

Valérie Pécresse évoque des scènes de guérilla comme on n'en avait jamais vues. Elle parle d'hyper-violence.

Emmanuel Macron va-t-il enfin parler ?

Lui seul le sait, qui s'est abstenu jusque-là pour ne pas, a-t-il dit, jeter de l'huile sur le feu. S'il parle, il ne devra pas rater son allocation mais toucher au cœur, comme l'a dit un gilet jaune. Sauf que le Président n'est pas doué pour l'exercice. Qu'il retrouve de la bienveillance. Mais entre les "gilets jaunes" et le Président, c'est presque une crise géométrique, c'est la verticalité jupitérienne face à l'horizontalité absolue. Alors comment rétablir le dialogue ? Et bien ce sera difficile.

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari - La France en face
Politique

La France en face

Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk

Alexis Delafontaine
Politique

La semaine politique

Alexis Delafontaine

La semaine politique, c'est une heure de débats et d’interviews consacrés à l’actualité politique.

Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, s’entretient avec ceux qui font l’actualité nationale et internationale. Produit par le média belge « 21NEWS », ce podcast est à découvrir sur Europe1.

devilno
Politique

Le grand rendez-vous

Pierre de Vilno

Une heure d’entretien incontournable en partenariat avec CNEWS et Les Echos. Une personnalité politique, un dirigeant économique ou un intellectuel revient sur les grands thèmes de l'actualité et répond aux questions sans détour de Pierre de Vilno pour apporter des réponses concrètes aux Français.

De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, Europe 1 a tendu son micro à tous les chefs d’État de la Ve République. Réécoutez ces entretiens exclusifs issus de nos archives qui ont marqué l’histoire politique française.<br /> Vous découvrirez entre autres, le tout premier débat radio ou encore le premier numéro du « club de la presse »…<br /> <br /> “Les Grands Entretiens” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Politique

Face à Philippe de Villiers

Philippe de Villiers & Eliot Deval

Accompagné par Eliot Deval, Philippe de Villiers passe en revue les actualités marquantes de la semaine en compagnie d’un invité de renom. Sujets brûlants, décryptage des enjeux politiques, et analyse approfondie des événements récents rythment cette heure d’émission, où Philippe de Villiers apporte son regard unique et souvent incisif. Que vous soyez passionné par l’actualité politique ou simplement curieux d’en savoir plus sur les débats en cours, cette émission vous offre un moment d’information riche et captivant.

Michel Onfray
Politique

Face à Michel Onfray

Michel Onfray

Chaque samedi de 13h à 14h le philosophe Michel Onfray livre son analyse incisive de l'actualité dans "Face à Michel Onfray". Sous le questionnement expert de Laurence Ferrari, cet intellectuel reconnu décrypte les événements marquants de la semaine, mêlant philosophie et regard critique sur notre société contemporaine.