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Chaque matin, Jean Zeid livre ce qu’il se fait de mieux en matière d'innovation. Ce mardi, il s'intéresse à l'innovation de l'entreprise Toopi Organics qui mise sur l'urine pour remplacer l'engrais.

Ce mardi matin, une société mise sur l’urine pour se passer des engrais.
C’est l’heure de monter le son pour les parents. Le pipi caca, c’est indémodable chez les gosses, profitez en. Faire de l’urine un biostimulant agricole, c’est l’idée de Toopi Organics, entreprise créée en 2019 à Loupiac-de-la-Réole, entre Bordeaux et Agen. Si vous étiez de passage au Salon de l’agriculture à Paris, vous avez peut-être découvert ces écriteaux à l'entrée des 46 urinoirs et toilettes mobiles installés pour l’événement : ici on « collecte l’urine humaine et s’en sert pour faire pousser des bactéries qui vont remplacer les engrais ».
Après tout, les agriculteurs utilisent déjà du lisier. Quelle est l’innovation ici ?
Déjà, c’est pas « faire pipi sur son potager », ce qui peut marcher, mais le principe ici est différent. Pourquoi ? « Parce que l’urine ne contient pas suffisamment de nutriments pour nourrir les plantes, déjà, ça, ça marche pas. Par contre, ce pipi si prisé des discussions enfantines constitue un milieu de culture pour cultiver d’autres micro-organismes d’intérêt agronomique, micro-organismes capable de favoriser l’émergence de phosphore et d’azote, à la fois pour nourrir la plante et la protéger du stress hydrique. Préservation de l’eau, consommation d’engrais, qualité des sols, empreinte carbone et productivité de l’agriculture, c’est pas mal quand même pour un liquide destiné aux toilettes. Chaque année, dans les toilettes européennes, ce sont plus de 200 milliards de litres d’urine qui partent au tout-à-l’égout ou dans les fosses septiques, avec plus de 6,000 milliards de litres d’eau potable.
Et elle a commercialisé son idée ?
Oui, il y a deux ans avec Lactopi Start disponible en France et en Belgique. Le premier biostimulant à base d’urine à être autorisé en agriculture biologique et peut remplacer partiellement les engrais chimiques à hauteur de 50%. La société vient de lever plus de 8M€ pour développer son concept plus largement. Objectif : s'industrialiser, c’est le mot à la mode. Elle va pouvoir mettre en place plus d'une centaine d’essais en Europe : la France, Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal et l’Italie.
En 2023, Toopi Organics affirme avoir collecté l’urine de près de deux millions d'européens. La société qui a déjà établi des partenariats avec des entreprises ou des sites comme le Futuroscope de Poitiers, des festivals de musique tels le  Hellfest, Rock-en Seine ou Solidays, les aires d’Autoroutes Vinci et des événements agricoles comme le Salon de l'Agriculture. Son premier site industriel à grande échelle sera opérationnel en France l’an prochain, en 2025.