Au moins un million de civils sont enfermés dans Mossoul alors que les forces de la coalition tentent de reprendre la ville à l'État islamique.
Dans la presse internationale, alors que le monde a les yeux rivés sur Alep où l’ONU vient d’accepter l’envoi d’observateurs, une autre bataille fait rage à 600 kilomètres de là, à Mossoul en Irak. Les forces de la coalition tentent de reprendre la ville à l’État Islamique. Une bataille dont on sait peu de choses, notamment concernant les civils.
Un million au moins de civils sont enfermés au cœur de la ville dont l’État islamique a pris le contrôle il y a deux ans maintenant. Le 17 octobre, il y a neuf semaines, les forces Irakiennes appuyées par la coalition, ont lancé une vaste offensive pour la reprendre, une offensive qualifiée de décisive mais le combat est beaucoup plus difficile que prévu. Et la situation des civils devient plus désespérée de jour en jour. La presse, en occident, commence à en prendre conscience.
Elle commence, raconte le New York Times, parce que ces victimes sont en grande partie invisibles. L’armée irakienne interdit aux journalistes la plupart des accès à la ligne de front et l’aide humanitaire parvient difficilement aux quartiers les plus peuplés tenus par Daech. Deux distributions de nourriture conduites le mois dernier ont dégénéré en quasi émeutes, raconte Al Jazeera, parce qu’il n’y avait pas assez. L’eau et l’électricité ont été coupés. Quasiment plus rien n’entre dans le centre-ville, et l’ONU ne tient pas le compte du nombre estimé de victimes civiles, de victimes militaires non plus d’ailleurs puisque les forces irakiennes ne tiennent pas de statistiques.
Et pourtant elles seraient extrêmement nombreuses.
Oui victimes à la fois de l’État islamique, qui se sert de ces civils comme boucliers humains, et des frappes conduites par la coalition pour appuyer l’offensive au sol. 118.000 personnes ont déjà fui la ville, et les hôpitaux autour de Mossoul sont au bord de la rupture, raconte le Washington Post. Ils reçoivent chaque jour des dizaines de blessés, ceux qui ont pu parcourir la distance depuis la ligne de front. Que vont devenir les autres, c’est l’immense inquiétude. Les djihadistes ont produit des armes en énormes quantités à Mossoul, ils se terrent dans les maisons ou au milieu des civils, ce qui limite considérablement les possibilités d’action. Les forces irakiennes auraient déjà perdu au moins 2.000 hommes et repris pour l’instant un quart de la ville. Elles ont conseillé aux habitants de Mossoul de se terrer chez eux en attendant leur libération. Mais combien de temps pourront-ils tenir ? Les États-Unis et la France, engagés dans ce combat, sont contraints de limiter leurs frappes.