Irlande : colère contre les fonds vautours

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SAISON 2016 - 2017

En Irlande, des banques engrangent des intérêts sur le dos de la population, ce qui choque l'opinion publique.

Une colère sourde est en train de monter en Irlande contre les fonds vautours de Wall Street.

Des fonds qui ont pris à la gorge des milliers de propriétaires acculés au début de l’hiver, au moment même où la presse publie leurs profits et le peu de taxes qu’ils ont payés : 1 900 euros seulement pour le fonds Cerberus, révèle The Irish Times, pour 77 millions de profits. 240 euros pour la filiale irlandaise de Goldman Sachs. C’est écœurant, à soulever le cœur, écrit un éditorialiste du Southern Star. Car ces fonds vautours, et c’est ce que découvre l’opinion brusquement, ont engrangé d’énormes profits sur le dos des Irlandais.

Juste après la crise, quand l’économie s’est effondrée, les banques d’investissements américaines et autres hedges funds ont fondu sur l’Europe, rachetant des milliers de créances immobilières douteuses. Ces quatre dernières années, une poignée de ces fonds ont acquis pour 223 milliards d’euros de prêts, partout en Europe, 80% du total vendu. Et en Irlande, les autorités leur ont fait un pont d’or leur offrant d’incroyables avantages fiscaux, pour attirer de l’argent frais, sauver leur économie, sans penser aux conséquences… Aujourd’hui, ces fonds vautours possèdent 90 000 prêts immobiliers en Irlande, pour des milliards d’euros. La moitié sont en difficulté, ou des prêts à risque.

Et ces banques, ces hedges funds, engrangent les intérêts.

Absolument. Sans payer le moindre impôt dessus, ce qui scandalise l’opinion, et avec des conséquences terribles pour les locataires qui ont, eux, toujours payé leurs loyers. Maintenant que le marché se redresse, ces acteurs font ce pourquoi ils ont acheté ces prêts, ils cherchent le profit, ils spéculent. Et des milliers d’Irlandais sont pressurés, soit leurs loyers explosent, soit ils sont menacés d’expulsion, les immeubles vont être vendus. Or ils n’ont pas les moyens de se reloger, maintenant que l’immobilier flambe. À Cork, à Dublin, ces fonds vautours possèdent plus de 20 000 logements, des maisons individuelles aux groupements d’immeubles… Et la menace qui pèse depuis plusieurs semaines sur 200 familles qui ont reçu leur lettre d’expulsion et dont Goldman Sachs possède la dette, fait la Une des journaux. Elles ont manifesté devant le parlement, que vont-elles devenir ? Le gouvernement a bien pris quelques mesures en urgence à l’automne pour limiter la spéculation sur l’immobilier, mais rien qui soit à la hauteur, pour des Irlandais qui ont le sentiment que la reprise ne profite qu’au monde de la finance. Le nombre de sans-abris a grimpé cette année à Dublin, de 35%.