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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

C’est aujourd’hui la Journée mondiale de la Biodiversité, instaurée par l’ONU. Une biodiversité menacée, dans toutes ses composantes sur la planète. Un rapport de 2019, publié par un observatoire de l’Unesco détaillait les principaux facteurs de perte de biodiversité : le changement climatique, les espèces envahissantes, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution et l'urbanisation.

Vous avez choisi de nous parler d’un ennemi sournois de la biodiversité, qui avance presqu’incognito parce qu’il se cache sous une apparence mignonne : le chat.

Il y a de nombreuses études sur la pression causée par les chats domestiques sur la biodiversité. Une étude australienne estime que c’est, derrière le rat (et j’ajouterais l’Homme, mais les deux sont liés), un des animaux responsables du plus grand nombre d’extinctions de vertébrés au cours des 500 dernières années.

Par la prédation directe, la compétition inter-espèces, la transmission de maladies.
Au moins 63 espèces sont éteintes à causes des chats, surtout des oiseaux.

Les chats domestiques sont devenus l’une des principales causes de mortalité pour les oiseaux et les petits mammifères,

Largement plus que l’empoisonnement, les pesticides ou les collisions avec les voitures.

Une étude parue en 2013 dans Nature estimait que les chats tuaient entre 1,3 et 4 milliards d’oiseaux et entre 6,3 à 22,3 milliards de petits mammifères chaque année rien qu’aux Etats-Unis.
En Europe, même ordre de grandeur : des milliards de petits mammifères et d’oiseaux trépassent chaque année sous les crocs de nos félins.  Et ça va au-delà : indirectement, les chats privent d’autres prédateurs, comme les rapaces, les petits mammifères carnivores type martre, les reptiles de leur nourriture. Ils constituent aussi une pression sur ces populations de prédateurs.

On a des chiffres pour la France ?

Il y a 12 millions de chats en France. Selon le muséum d’histoire naturelle c’est le carnivore le mieux représenté dans notre environnement, urbain ou rural.

Même bien nourri, c’est un tueur nocturne, qui s’attaque à plus de 50 espèces de tous ordre, des mammifères dans les deux tiers des cas. Les effectifs prélevés peuvent être importants.

Le chat  précipite le déclin d’amphibiens, d’oiseaux, de vertébrés aux populations déjà menacées.  Selon différentes études, un chat de maison bien nourri peut capturer en moyenne 27 proies par an. 273 pour un chat errant et 1 071 pour un chat haret ( estimations un peu difficiles). Rien que ces chats domestiques tuent environ 324 millions de petits animaux par an ! Votre minet est un tueur de masse.

Qu’est-ce qu’on fait avec nos chats domestiques pour limiter les dégâts ?

Conseil des spécialistes et des naturalistes : on les nourrit correctement avec des protéines animales, les protéines végétales manquent de micronutriments et les poussent à compléter leurs rations par la chasse. On joue avec eux pour limiter la frustration du chasseur. Cinq à dix minutes par jour, c’est une prédation qui baisse de 25%. Et puis, on met le meurtrier en liberté conditionnelle. On ne le laisse pas sortir entre la tombée de la nuit et le petit matin.