Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.Le projet de loi agricole est en discussion à l’Assemblée nationale. Un texte qui doit être une partie de la réponse au désarroi des agriculteurs. Jeudi, un amendement a été voté, pour augmenter la part de l’agriculture biologique dans l’agriculture française.La loi dit maintenant que "l'Etat se donne comme objectif que la surface agricole utile cultivée en agriculture biologique atteigne 21% en 2030”. objectif voté par toutes les formations politiques, sauf le RN.Cela semble à peu près consensuel. Pourquoi, selon vous, cet objectif pose-t-il problème ?Il revient à doubler les surfaces bio en France. On est actuellement à 11%. Alors, vous allez me dire, pourquoi pas... Sauf que les imprécations ne marchent pas. Le précédent objectif français prévoyait 15% de la surface à fin 2022. Il n’a pas été atteint.Peut-être que l’inscrire dans la loi permettra d’y arriver ?Rien n’est moins sûr. Mais surtout pourquoi ? Je passe sur le fait que les mérites de l’agriculture bio sont moins éclatants qu’il y paraît, notamment parce que c’est un usage des terres peu rationnel, vu que les rendements sont deux fois inférieurs et les aléas très importants. L’agriculture bio, c’est aussi énormément de main d’œuvre, qui rend les productions très chères. Et que surtout, on ne sait pas où trouver..Mais selon vous, le vrai problème est ailleurs. Pour qui va-t-on développer cette agriculture biologique ?Pour ceux qui ont les moyens de payer l’alimentation 20% à 50% plus cher. Ca tenait à peu près avant la vague d’inflation. La flambée des prix a balayé le modèle. Le marché du bio a perdu 550 millions en deux ans. Les ventes en distribution spécialisée ont chuté. La grande distribution classique a massivement déréférencé les produits bio. Ils ne trouvent plus preneur... Ou alors, en écrasant les prix. Même le coup de pouce que devaient donner les cantines scolaires (25% de l’offre selon Egalim) n’a pas marché. On n’a pas les budgets.Le pire, c’est qu’il y a 10 ans, Le bio fonctionnait. C’était un marché niche, mais il vivait bien. Quand l’Etat a commencé à vouloir le développer sans se soucier des débouchés, il a tout fichu en l’air. Il n’en a tiré aucune leçon.Les députés se mêlent de ce qui ne les regarde pas.Oui : ils pensent qu’un marché se décrète. Alors que de nombreuses fermes bio vivent maintenant mal, ont envie de faire marche arrière, on va envoyer au casse-pipe toute une génération en en faisant encore plus ! Ce n’est pas un raisonnement économique, mais émotionnel. Vous allez me dire qu’il n’y a pas que l’économie dans la vie. Je vais répondre : il y a aussi l’économie dans la vie. La durabilité de l’agriculture repose sur trois piliers : la durabilité écologique, la durabilité de l’agriculteur, et la durabilité économique. Les fermes pourront être bio, si les agriculteurs renoncent, si les fermes bio font faillites, on aura gâché du temps, de l’énergie et de la ressource qu’on aurait pu mettre à améliorer écologiquement des pratiques conventionnelles plus solides et plus abordables.
En savoir plusTous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.Le projet de loi agricole est en discussion à l’Assemblée nationale. Un texte qui doit être une partie de la réponse au désarroi des agriculteurs. Jeudi, un amendement a été voté, pour augmenter la part de l’agriculture biologique dans l’agriculture française.La loi dit maintenant que "l'Etat se donne comme objectif que la surface agricole utile cultivée en agriculture biologique atteigne 21% en 2030”. objectif voté par toutes les formations politiques, sauf le RN.Cela semble à peu près consensuel. Pourquoi, selon vous, cet objectif pose-t-il problème ?Il revient à doubler les surfaces bio en France. On est actuellement à 11%. Alors, vous allez me dire, pourquoi pas... Sauf que les imprécations ne marchent pas. Le précédent objectif français prévoyait 15% de la surface à fin 2022. Il n’a pas été atteint.Peut-être que l’inscrire dans la loi permettra d’y arriver ?Rien n’est moins sûr. Mais surtout pourquoi ? Je passe sur le fait que les mérites de l’agriculture bio sont moins éclatants qu’il y paraît, notamment parce que c’est un usage des terres peu rationnel, vu que les rendements sont deux fois inférieurs et les aléas très importants. L’agriculture bio, c’est aussi énormément de main d’œuvre, qui rend les productions très chères. Et que surtout, on ne sait pas où trouver..Mais selon vous, le vrai problème est ailleurs. Pour qui va-t-on développer cette agriculture biologique ?Pour ceux qui ont les moyens de payer l’alimentation 20% à 50% plus cher. Ca tenait à peu près avant la vague d’inflation. La flambée des prix a balayé le modèle. Le marché du bio a perdu 550 millions en deux ans. Les ventes en distribution spécialisée ont chuté. La grande distribution classique a massivement déréférencé les produits bio. Ils ne trouvent plus preneur... Ou alors, en écrasant les prix. Même le coup de pouce que devaient donner les cantines scolaires (25% de l’offre selon Egalim) n’a pas marché. On n’a pas les budgets.Le pire, c’est qu’il y a 10 ans, Le bio fonctionnait. C’était un marché niche, mais il vivait bien. Quand l’Etat a commencé à vouloir le développer sans se soucier des débouchés, il a tout fichu en l’air. Il n’en a tiré aucune leçon.Les députés se mêlent de ce qui ne les regarde pas.Oui : ils pensent qu’un marché se décrète. Alors que de nombreuses fermes bio vivent maintenant mal, ont envie de faire marche arrière, on va envoyer au casse-pipe toute une génération en en faisant encore plus ! Ce n’est pas un raisonnement économique, mais émotionnel. Vous allez me dire qu’il n’y a pas que l’économie dans la vie. Je vais répondre : il y a aussi l’économie dans la vie. La durabilité de l’agriculture repose sur trois piliers : la durabilité écologique, la durabilité de l’agriculteur, et la durabilité économique. Les fermes pourront être bio, si les agriculteurs renoncent, si les fermes bio font faillites, on aura gâché du temps, de l’énergie et de la ressource qu’on aurait pu mettre à améliorer écologiquement des pratiques conventionnelles plus solides et plus abordables.
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