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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L’Onu a désigné le 27 mars le pays qui présidera la 69ème Commission due la condition de la  femmes en 2025. Le choix laisse pantois.

Pour prendre la tête de cette commission censée œuvrer pour l’égalité des sexes dans le monde, pour l'autonomisation sociale, politique et économique des femmes, l’ONU n’a pas trouvé meilleur candidat que l’Arabie saoudite. Sans doute un des pires pays de la planète où être une femme.

Pourquoi ce choix ?

Les Philippines, qui occupaient la présidence de la commission depuis un an ont décidé d’en démissionner, manifestement sous pression, et de ne pas aller au terme traditionnel des deux ans de mandat. Il n’y avait qu’un candidat : l’Arabie saoudite.

Elle a été désignée à l’acclamation des 45 membres de la commission. Il n’y a eu aucune, vous entendez bien, aucune opposition. Que l’Afghanistan, le Pakistan ou l’Egypte n’aient rien dit, soit... Mais  que pas un des trois Etats de l’UE qui siègent au sein de la Commission :l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne  ne se soient manifestés, c’est indigne. L’Arabie saoudite peut donc tranquillement redorer son image au sein du concert des nations, sous les applaudissements.

Ce n’est pas la première fois que cette commission dérape dans ses choix.

Il y a trois ans, les membres de la Commission avaient choisi l’Iran pour présider l’organe. Un an avant la vague de répression terrible des femmes dévoilées. C’est dire si cela avait aidé le pays à progresser.

Il ne faut pas attendre que le nouveau rôle de l’Arabie saoudite dans la défense mondiale du droit des femmes change grand-chose à la vie des sujettes de Mohammed Ben Salman.

Lequel est persuadé de faire avancer leurs droits.

Oui, les saoudiennes peuvent conduire une voiture. Une loi de 2022 sur le «statut personnel» leur permet généreusement d'étudier, d'avoir un passeport, de voyager et de travailler sans l'autorisation d'un tuteur masculin. Tout cela reste théorique. Le statut des femmes en Arabie saoudite figure parmi les plus répressifs du monde. Les structures sociales en font des inférieures, soumises au bon vouloir économique de leurs pères, frères, maris. La violence est admise comme moyen de les garder dans le droit chemin. Elles n’ont strictement aucune autonomie concernant leur vie et celles de leurs enfants. On se demande bien pour quel aspect du droit des femmes ce pays peut servir de modèle.

L'ONU s’enfonce un peu plus dans le relativisme, concernant les droits de l’Homme.

Oui, hélas. On l’a vu avec la difficulté qu’a eu le secrétaire général Guterres a condamner le pogrome du Hamas en Israel, les viols et les tortures, estimant que tout cela  «n’était pas arrivée dans le vide». On le voit avec son silence sur le sort des femmes en Afghanistan. Les droits humains sont devenus pour l’ONU des détails avec lesquels on peut transiger. Les femmes, les fillettes, en sont les premières victimes. L’arrivée de l’Arabie saoudite à la tête de la Commission du droit des femmes est une insulte pour nous toutes.