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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Pour les femmes, l’Afghanistan est, plus que jamais, un enfer.

Le chef suprême des Talibans le mollah Hibatullah Akhundzada  a adressé aux Afghans un message vocal ce week-end via la télévision d’Etat. Je n’ose pas dire aux Afghans et aux Afghanes. Il annonce le retour à les lapidations à mort et en public pour les femmes adultères. Les Afghanes étaient déjà privées d’éducation, de sortie, de travail, d’argent, de toute liberté. Voilà que les hommes ont droit de vie et de mort sur elles.

Le message des Talibans est politique.

Oui : le mollah Akhundzada lie ce retour à la lapidation à la lutte contre la démocratie occidentale. Le message nous est destiné : « Vous dites que c'est une violation des droits des femmes que de les lapider à mort. Tout cela est contre votre démocratie, mais nous continuerons à le faire. Nous disons tous que nous défendons les droits de l'homme – nous le faisons en tant que représentant de Dieu et vous en tant que représentant du diable. Pour ceux qui avaient un doute : la charia est incompatible avec droits des femmes.

Des réactions de la communauté internationale ?

Si vous voulez dire de l’ONU, ou de l’ONU femmes... Rien. En mai 2023, la mission d’assistance des Nations Unies dans le pays s’était élevée contre les châtiments corporels, avait demandé aux Talibans d’y mettre fin. Ils en rigolent encore.

En septembre 2023, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait jugé bon de renvoyer dos à dos la France et son interdiction de l’Abaya à l’école et les régimes islamistes imposant le voile. Il ne faut sans doute pas trop compter sur lui.

Et les féministes françaises ?

Vite vu. J’ai fait le tour des officines les plus en vue. Osez le féminisme : dernière publication concernant l’Afghanistan sur le site Internet : 2021. Chez Nous Toutes.org, pas un mot. Je suis allée voir du côté de chez Lallab qui se décrit comme “association féministe et antiraciste de défense des droits des femmes musulmanes”. Visiblement, les femmes musulmanes d’Afghanistan ne font pas partie des priorités.

Pourquoi c’est si compliqué ?

Parce que toutes ces boutiques ont renoncé à l’universalisme du droit des femmes. L’égalité politique, sociale et économique, le droit à disposer de son corps et de faire ses propres choix partout, tout le temps.

Ce féminisme s’est effacé au bénéfice du féminisme intersectionnel. Le droit des femmes, c’est ce qui reste quand on a défendu tous les particularismes religieux et culturels. Autrement dit, s’en prendre à la charia, c’est quand même risquer de vexer quelques islamistes, ce qui est devenu dans le grand gloubiboulga des concepts, être islamophobe, donc raciste. C’est pervers, c’est tordu. C’est au nom de cette lâcheté et de la terreur des mots d’ici que les femmes afghanes sont lapidées dans l’indifférence générale