Le retour en forme du TGV

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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

Les comptes de la SNCF reviennent dans le vert depuis le début de l’année. L’entreprise est-elle enfin sur la bonne voie ?

En tout cas, Guillaume Pepy a pu savourer les chiffres publiés hier, les derniers avant qu’il tire sa révérence. La fréquentation du TGV est au beau fixe : +11% au premier semestre, comparé à 2017 (les chiffres de 2018 étaient biaisés par les grèves). Le trafic bondit aussi dans les TER. Et la rentabilité est au rendez-vous, grâce à des taux de remplissage record : 77% en moyenne pour le TGV, et jusqu’à 89% sur l’axe Sud-Est en juin. Alors comment expliquer cette guérison express du TGV, qui était le grand malade trois ans plus tôt ? C’est le succès du low cost Ouigo, dont le parc ne cesse de s’étendre. 50% des clients qui l’utilisent n’auraient pas pris le train sinon. C’est le succès aussi d’une politique plus rationnelle : moins de dessertes déficitaires, et des rames à double niveau partout où la demande est forte. Symbole de ce retour en grâce : la commande inattendue de 12 nouvelles rames TGV.

Et cette fois, ce n’est pas pour faire plaisir à Alstom ?

Non, il y a même urgence selon la SNCF. Rien à voir avec la fameuse commande de l’automne 2016, réalisée en direct par l’État pour sauver le site de Belfort. Des TGV qui devaient circuler pour commencer sur la ligne Intercités Marseille-Bordeaux car la SNCF n’en avait pas vraiment besoin ! Bon finalement, ils ont vraiment servi à de la grande vitesse. Et l’annonce de ce mercredi tombe vraiment à pic pour Alstom. La SNCF avait déjà fait une méga commande de 100 rames de nouvelle génération, ce qu’on appelle "le TGV du futur", mais pas avant 2023 et en attendant, il y avait deux ans de trou dans le plan de charge. Le trou est comblé. Un souci de moins pour Belfort, où l’on est inquiet de l’avenir du site de General Electric.

Un tableau aussi lumineux, c’est rare concernant la SNCF ?

Rassurez-vous, il reste des points noirs. Et des gros ! Le fret d’abord. Le chiffre d’affaires continue de baisser, malgré les autoroutes ferroviaires qui combinent le rail et le transport en camions. Et puis l’ouverture à la concurrence approche pour le transport des passagers, avec la crainte de voir les nouveaux acteurs truster les lignes les plus rentables. Enfin, la dette grossit toujours, à plus de 50 milliards. Alors l’Etat va en reprendre une grande partie (c’est prévu dans la réforme votée l’an dernier) mais en échange, la SNCF doit gagner en productivité, et elle n’est qu’au tout début du chemin. Avec la réforme des retraites qui arrive (la fin des régimes spéciaux est programmée), le climat social sera lourd. Le ou la successeur de Guillaume Pepy aura de sacrés défis à relever.  

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