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Chaque matin, Etienne Lefebvre décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

Les chiffres de la croissance ont déçu, hier. Est-ce que cela va faire grimper le déficit budgétaire ?

Non, pas nécessairement. 0,2% au deuxième trimestre, c’est évidemment une mauvaise nouvelle. Sur l’année, on sera en dessous de la prévision du gouvernement, +1,4%. Mais la différence va rester faible. Et surtout, ça n’empêche pas les impôts de bien rentrer dans les caisses de l’État. Bercy a publié ce mardi les comptes à mi-année et les recettes fiscales sont bonnes (+5,5% pour la TVA, +4% pour les taxes sur les carburants, et près de 9% de hausse pour l’impôt sur les sociétés). Pour la TVA en particulier, une recette très importante pour l’État, c’est plus que ce qui était prévu dans le budget. Du côté des cotisations sociales, si les créations d’emplois continuent sur leur lancée, il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise. Donc pas d’alerte, à ce stade, sur les comptes publics.

Et donc pas besoin d’économies supplémentaires pour l’année prochaine ?

Alors ça, c’est une autre affaire. On a évoqué ici même, la semaine dernière, les deux à trois milliards d’économies recherchés pour boucler le budget 2020. La réunion de Matignon de vendredi n’a pas permis de trancher, les arbitrages auront lieu à la rentrée. Mais cette croissance poussive ne permet pas de résoudre l’équation d’un claquement de doigts, comme l’espérait certains. Le risque, c’est que l’activité manque d’élan pour l’année prochaine. Et l’autre problème, c’est que les pistes d’économies ne font pas du tout l’unanimité (que ce soit le coup de rabot sur les allocations familiales ou la suppression de certaines baisses de charges), l’Élysée a dit non. On pourrait donc avoir un déficit un peu plus élevé en 2020.

Et qu’en est-il du chômage ? Peut-il continuer de baisser avec 0,2% de croissance ?

Pour l’instant, c’est ce qu’il se passe. Et ça interpelle les économistes : on a une croissance plus riche en emplois, et pauvre en gains de productivité. C’est un avantage sur le front du chômage, c’est plus inquiétant pour les salaires, la compétitivité. Et puis bien sûr, une telle croissance ne suffit pas, vu le niveau du chômage. Mais il y a deux motifs d’espoir. Un : l’investissement très dynamique des entreprises. C’est bon pour la croissance et pour l’emploi à moyen terme. Deux : les gains de pouvoir d’achat finiront bien par être consommés. Voilà pourquoi on ne contredira pas Sylvain Courage qui indiquait sur Europe 1 ce mardi qu’Emmanuel Macron devrait tenir son objectif d’un chômage ramené à 7% en 2022. Sauf vrai retournement en Europe, ça reste tout à fait faisable.