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Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

La Chine a trouvé encore moins cher que le salaire de ses ouvriers, elle délocalise ses usines textiles en Éthiopie.

On veut et on a des vêtements toujours moins dans nos magasins. Derrière, il faut donc que la logistique suive.
Et, c'est ce qu'elle fait, elle suit. On a trouvé moins cher que le Made in China ou le Made in Bangladesh, c'est le Made in Éthiopie. Le top en matière de prix bas.
L'Université de New-York a calculé que les ouvriers en Éthiopie sont payés 23 euros par mois, ça fait un euro par jour. Un prix imbattable pour lequel vous pouvez faire fabriquer des vêtements de marques comme Calvin Klein.
L'ouvrier éthiopien est le moins cher du monde, quatre fois moins cher que l'ouvrier du Bangladesh et 12 fois moins cher que l'ouvrier chinois. D'ailleurs, la Chine commence à devenir trop chère.
Pour faire fabriquer ses iPhones, Apple commence à quitter la Chine pour s'installer en Inde qui est moins chère.

L'Éthiopie fait peut-être le même pari. On commence par des salaires bas dans le textile puis on monte en gamme ?

C'est l'histoire du développement économique. On a vu la même chose dans l'automobile, les constructeurs sont partis en Espagne, puis en Slovaquie, ils seront demain en Ukraine.
Sauf qu’avec l'Éthiopie, on est au bout de ce processus du toujours moins cher avec un euro par jour, on peut à peine vivre, y compris en Éthiopie.
En terme de process industriel, on est aussi au maximum de la désintégration. Pour garnir nos magasins, on fait fabriquer nos vêtements par des Chinois qui, eux-mêmes, délocalisent en Éthiopie.
Ce qui fait d'ailleurs que dans les ateliers, les conflits culturels sont fréquents entre les directeurs d'usines Chinois ou Sri-lankais et les ouvriers éthiopiens venus des campagnes, avec à la clé des démissions à la chaîne.
Chez les baskets Nike et Adidas (qui étaient les précurseurs de ce mouvement de délocalisation dans les pays à faible coût de main d'œuvre), on commence à observer le phénomène inverse. Nike et Adidas commencent à rapatrier la production en Europe et aux États-Unis dans des usines ultra automatisées avec imprimante 3D qui peuvent produire en continue, avec très peu de main d'oeuvre.
La bataille mondialisée du low-cost, en quête d'une main d'œuvre toujours moins chère, est peut-être arrivée à son terminus en Éthiopie.