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Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

Depuis dix ans, la Chine gonfle ses chiffres de croissance économique.

Vous connaissez la fameuse phrase de Churchill sur les statistiques : "Je ne crois aux statistiques que quand je les ai falsifiées moi-même". Ça s'applique merveilleusement à la Chine.
L’institut américain indépendant Brooking a voulu recalculé les chiffres de l'économie chinoise en partant, non pas des chiffres officiels, mais de chiffres des provinces, des régions.
Théoriquement, quand vous additionnez le PIB des différentes provinces chinoises, vous devriez obtenir au final le PIB de la Chine. Mais pas du tout, vous obtenez un chiffre bien plus petit, 12% plus petit. Ça fait quand même une différence de plus de 1.000 milliards d'euros, soit l'équivalent de l'économie espagnole.

Pourquoi une telle différence ? Une telle erreur ?

Parce que les gouverneurs des provinces ont peur du grand chef à Pékin (du Président XiJiping) à qu’il ne faut pas déplaire. Depuis une dizaine d'année, ils transmettent donc à Pékin ce que l'on appelle des "chiffres politiques" qui sont raccords avec les objectifs fixés par le Parti, mais pas raccord avec la réalité. Voilà pourquoi il y a un tel écart de 12%.
On touche là du doigt, les limites de l'autoritarisme en matière économique qui crée un climat de mensonge. On préfère mentir plutôt que déplaire au chef.
C'est un problème de fond pour le développement de l'économie chinoise.
Regardez les déboires de Huawei (le géant chinois des télécoms qui vend du matériel et des antennes mobiles) qui se retrouve interdit dans de nombreux pays car on redoute l'espionnage des Chinois partout.
Huawei a beau clamer que jamais, il n'a espionné personne. Sauf que quand on demande au patron de Huawei "Et si un jour le président Chinois XI-Jiping vous demande d'espionner untel, que ferez-vous ?". Forcément, vu le climat autoritaire, on a des doutes.
On voit bien là limites de l'autoritarisme qui freine, qui empêche le développement de l'économie.
On pourrait presqu'à nouveau citer Churchill "la démocratie est le pire des systèmes mais il n'y en a pas de meilleurs".