Chaque jour, David Abiker scrute la presse papier et le web et décrypte l'actualité.
Ce matin, l'inévitable sujet, c'est la rentrée des classes...
Effectivement, à la Une de la presse ce matin, un dessin de Chaunu dans Ouest-France avec cet instit qui a les traits de Jean-Michel Blanquer. Au tableau, le ministre de l’éducation a écrit "Pas de portable à l’école" mais au fond de la classe, l’élève Macron téléphone en cachette : "Allo, ca te dirait le ministère de l’écologie ?" Ce dessin dans Ouest-France résume parfaitement l’actualité du jour. Une rentrée scolaire qui se veut sereine pour la République du Centre alors qu’à la Une du Figaro, la machine Macron se détraque .
Le Figaro qui parle d'un président à l'épreuve de la crise.
Il est lourd le poids du cartable d’Emmanuel Macron en cette rentrée semble dire Le Figaro. Les hésitations sur le prélèvement à la source, Cohn Bendit ne remplacera pas Hulot, la droite qui reprend du poil de la bête jusqu’à Stéphane Bern, le Monsieur Patrimoine qui, lui aussi, a menacé d’abandonner sa mission.
Dans le Courrier Picard, l’éditorialiste Michael Tassard met en garde le président : "il doit siffler la fin des vacances à la manière des professeurs des écoles qui retrouvent leurs élèves aujourd’hui". Et dans la perspective du remaniement prévu demain, l’éditorialiste du Courrier Picard compare Macron à un prof qui doit asseoir son autorité : "ce n’est pas d’agitateurs dont a besoin le président (comprendre les Nicolas Hulot ou les Dany Cohn Bendit) mais d’élèves besogneux qui rendront de bonnes copies".
Des copies sans fautes d'orthographe évidemment.
Outre l’interdiction du portable au collège, le dédoublement des classes de CP, la semaine de 4 jours à l’école élémentaire, la dictée obligatoire et quotidienne est en Une de La Croix , qui en dresse l’éloge et rappelle ces chiffres inquiétant. Sur une même dictée de CM2 le nombre d’erreur a doublé entre 1987 et 2015.
Mais au lieu de se désoler, autant retrouver le plaisir de la dictée explique, dans le quotidien, Bernard Pivot. Trouver les fautes ensemble, apprendre à se relire, mais surtout comprendre le texte, La Croix évoque également l’autodictée qui consiste pour l’élève à apprendre un texte par cœur et à se le dicter lui-même.
Mais si l’orthographe est trop difficile, supprimons les difficultés. Nikos, comment écrivez-vous les crêpes que j’ai mangées ? Comment vous écrivez mangées ?
Je fais l'accord ? Mangées é-e-s, c'est bien ça ?
Exactement mais dans Libération, deux éminents professeurs de français belges appellent au nom de la francophonie et de la simplicité à revoir la règle d’accord du participe avec l’auxiliaire avoir . Il faut supprimer cette règle. Par souci de simplicité, parce que ça n’a pas toujours été ainsi et parce que le Bescherelle désigne cette règle comme l’une des plus compliquées de la langue française. En attendant, on continuera d’écrire et de dire les leçons que j’ai apprises avec l’accord au féminin pluriel.
Mais il n’y a pas que l’orthographe à l’école, il y a aussi l’économie. Le nouveau magazine de pédagogie économique L’Eco consacre un premier numéro au protectionnisme. A sa lecture, les élèves et les étudiants comprendront mieux l’enjeu du bras de fer entre le Mexique, le Canada et Trump, négociation qui s’invite à nouveau dans la presse ce matin. S’il conduisait à la révision du traité de libre échange de l’Alena, Trump aurait réussi son pari de mieux protéger l’industrie automobile américaine. Le protectionnisme serait alors sans doute mieux considéré par les manuels scolaires...
David, la rentrée ce n'est pas que pour les petits écoliers, c'est aussi pour les grands.
Ce matin la presse multiplie les conseils pour réussir sa rentrée professionnelle. Midi Libre délivre 10 recettes antiblues pour le retour au travail. Parmi elles, arrêter de se précipiter sur son téléphone le matin pour se remettre à tout prix dans le bain. Parmi ces bonnes résolutions on pourrait aussi en ajouter une autre. Arrêter de harceler nos adolescents parce qu’ils passent leur vie dans leur lit.
Le Monde, daté d’aujourd’hui, s’interroge sur la propension qu’ont les adolescents à vivre dans leur lit et nous explique que ce n’est pas seulement une histoire de fatigue. Pour le psychothérapeute Pierre Lassus, le lit est pour l’adolescent une parade aux agressions de la modernité. En réalité, le lit de l’ado c’est son bureau, sa cantine, son espace de réflexion.
"Mon lit c’est la tranquillité", explique Romane 18 ans, "Quand je rentre de cours, je suis en état de mort avancée", poursuit Camille, 17 ans. Quant à Azzarro, même âge, il a cette formule définitive : "De toute façon allongé, c’est comme debout mais sur le dos". Que voulez-vous répondre à ça ?
On termine avec du rap chinois.
Alors que Booba et Karis passeront en jugement jeudi, Libération se penche sur la reprise en main du rap chinois par le pouvoir communiste. Avec le succès du télécrochet "China has Hip Hop", les rappeurs chinois se croyaient tout permis avec des textes outranciers et violents.
Pékin a d’abord sifflé la fin de la récré en 2016 en interdisant 120 titres et ça continue. Les tatouages sont interdits et les sujets politiques prohibés, sauf si c’est pour dire du bien du parti. C’est ce qui s’appelle empêcher le rap de déraper dans l’empire du juste milieu.