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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce jeudi, il s'intéresse à une pilule qui pourrait rendre les gens plus altruistes et généreux.

L’innovation du jour, c’est une découverte dans un domaine inattendu. On a trouvé une technique pour développer une pilule qui rend les gens altruistes. Qui les rend plus généreux…

C’est assez inattendu, car jusqu’ici, tout ce qui concerne le comportement social, l’altruisme ou l’égoïsme, ne pouvait être modifié que par la psychologie. Certainement pas par la chimie (par un vulgaire médicament). Certes, il y a le cas de certaines drogues qui peuvent complètement changer notre comportement. Nous rendre joyeux, nous désinhiber, nous faire halluciner… Mais ce n’est jamais très précis. Cela ne va pas, d’un coup, nous transformer en Mère Teresa ou en égocentrique notoire. C’est pourtant ce qu’ont réussi à faire des chercheurs de l’institut Italien de Technologie. Ils ont identifié les neurones du cerveau associés à l’altruisme et à l’égoïsme. Et ils ont trouvé un moyen de commander ces traits de caractère à la demande.

Ça veut dire qu’on peut transformer complètement la psychologie des gens ?

Oui, et de façon très précise. Un test a été effectué sur le jeu du dictateur. Il s’agit d’un test psychologique classique où l’on reçoit une somme d’argent. Ensuite, on a le choix ou pas de la partager avec un inconnu. Je ne sais pas ce que vous feriez, mais c’est assez contre-intuitif : la majorité des gens sont plutôt généreux. Ils partagent l’argent. Il y en a même un quart qui vont jusqu’à faire moitié-moitié avec un inconnu. Eh bien, avec leur technique, les chercheurs sont capables de modifier ces résultats dans un sens ou dans l’autre. Par exemple : transformer le plus grand des radins en roi des philanthropes.

Mais c’est le genre de substance qu’on n’a pas envie de recevoir à son insu.

 

Pour le moment, la fameuse pilule n’a été testée que sur des souris, rendues plus ou moins généreuses avec leur nourriture. Leur objectif était, avant tout, de mieux comprendre les mécanismes qui poussent certains à devenir des sociopathes. Mais vous avez raison. C’est inquiétant. Car on imagine très bien les conséquences sociales d’une telle pilule. C’est un enjeu de pouvoir. Quand on est égoïste, on ne rêve que d’une chose : que tout le monde autour de soi devienne le plus altruiste possible. Certaines recherches ont le don d’ouvrir de sacrées boites de Pandore.