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Anicet Mbida nous livre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation. Ce mardi, il s'intéresse à une nouvelle technique de pêche durable qui devrait permettre d’attirer certains poissons et de faire fuir les autres.

De l’innovation dans la pêche durable ce matin. Il existe désormais des lignes capables d’attirer certains poissons et de faire fuir les autres.

C’est un problème qui paraissait jusqu’ici insoluble : comment éviter d’attraper des espèces protégées quand on laisse traîner des centaines d’hameçons avec des appâts, tous plus alléchants que les autres ? C’est même devenu critique pour certaines espèces comme les requins et les raies. Leur population a chuté de plus de 70% en 50 ans, notamment à cause de ce qu’on appelle la pêche accidentelle.

Un défi que semble avoir relevé l’équipe du projet Sharkguard (projet Franco-Anglais). Ils ont tout simplement ajouté une sorte d’épouvantail à côté de l’hameçon. C’est un petit boîtier qui envoie des impulsions électriques. Il faut savoir que les requins et les raies y sont très sensibles. Donc on a codé ces impulsions spécialement pour affoler leur 6e sens et les pousser à s’éloigner des hameçons.

Et ça a été testé, ça fonctionne vraiment bien ?

Oui. On vient de le faire pour la pêche au thon rouge, dans une zone où il y avait beaucoup de dommages collatéraux. Les résultats sont spectaculaires : moins 91% de capture accidentelle de requins et moins 71% pour les raies. Cela a l’air plutôt efficace ! D’ailleurs, on s’en doutait. Pour la petite histoire, c’est le même type de signaux électriques que l’on utilise actuellement sur les combinaisons des surfeurs pour éloigner les requins. Seul problème : il faudra régulièrement changer la batterie de chaque boîtier connecté à chaque hameçon. Ce qui peut être un peu fastidieux pour les pêcheurs… Mais peut-être pas autant que de trier et de renvoyer à la mer tout ce qui a été attrapé par erreur.

On a une idée du taux de poissons rejeté, comme ça, lors d’une pêche ?

25% en moyenne selon les Nations Unies. Mais dans certains cas, on peut dépasser la moitié de ce qui est capturé. Des poissons qui, on le rappelle, sont souvent rejetés déjà morts ou largement mutilés.

Jusqu’ici, la réglementation ne pouvait pas faire grand-chose, à part carrément interdire ce type de pêche. Mais maintenant, il commence à y avoir des solutions. On va enfin pouvoir tirer directement sous l’eau et avoir une pêche un peu plus durable.