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SAISON 2016 - 2017

Alors que la moralisation de la vie publique met la présidence d’Emmanuel Macron face à ses contradictions, Antonin André nous livre son édito politique.

La politique c’est la moralisation de la vie publique qui met la présidence d’Emmanuel Macron face à ses contradictions. On parle du cas de Richard Ferrand : et si Emmanuel Macron était pris à son propre piège.

L’effet boomerang, il peut vous laisser KO ! Prenez François Fillon lorsqu’il lance "qui aurait imaginé le Général de Gaulle mis en examen, il écrit le réquisitoire de son propre procès politique à venir". L’effet est dévastateur. Quand Emmanuel Macron candidat à la présidentiel joue les chevaliers blancs et fait de la vertu son étendard, comment peut-il confier la rédaction de la loi sur la moralisation politique, premier texte de son quinquennat à un ministre mis en examen certes dans une affaire de diffamation mais les mots pèsent mis en examen et qui le conduira en correctionnelle. Évidemment la droite s’en saisit. Évidemment l’opinion publique s’interroge. Même chose pour l’affaire Ferrand rien d’illégal, mais en ayant à ce point fait du renouvellement des pratiques un enjeu, Emmanuel Macron a démultiplié le sentiment de suspicion à l’égard des élus, de tous les élus, y compris de ceux qui l’entourent.

On voit bien la contradiction, et la question du curseur de la transparence qui selon vous est en train de devenir un engrenage qu’on ne maîtrise plus.

Va-t-on basculer dans l’ère de l’inquisition politique ? La présomption généralisée de culpabilité du personnel politique, et même au-delà : il n’y a pas que les ministres et les parlementaires, il y a les membres des cabinets ministériels qui doivent être transparents et parfaitement irréprochables, les élus locaux et leurs cabinets, les directeurs d’administrations publiques. Pour tous le risque est de basculer dans un système où de présumé honnêtes, ils seront soupçonnés à priori, à eux de faire la preuve de leur vertu. Il faut des règles éthiques, déontologiques, légales mais on voit bien qu’on a basculé dans autre chose, dans un engrenage que personne ne semble maîtriser : demain à l’assemblée, des centaines de nouveaux députés viendront avec leur expérience professionnelle. Qui chef d’entreprise, qui agriculteur, qui employé, qui médecin ou salarié d’une grande firme. Tous à priori suspects donc d’être à la solde d’intérêts particuliers. Quand la transparence est érigée en religion on peut s’interroger à terme sur le risque d’une paralysie de l’action publique.