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Après sept mois de bataille, Veolia met la main sur son concurrent Suez pour près de 26 milliards d'euros. Grâce à cette opération, Veolia change de dimension sur la scène mondiale, dans un métier, les services à l’environnement, qui se développe partout. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Sept mois de bataille, on avait rarement vu cela dans le monde des affaires français. Et à l’arrivée, Veolia met la main sur son concurrent Suez pour créer un géant mondial.

C’est une opération à près de 26 milliards d’euros qui aura donné lieu à une bataille homérique entre les deux groupes français. Entre une proie, Suez, qui a utilisé toutes les armes possibles pour défendre son indépendance. Et un prédateur, Veolia, plus gros et qui l’a emporté au fond très classiquement, c’est-à-dire en mettant plus d’argent sur la table. Cette bataille boursière a mobilisé quinze banques d’affaires, les plus grands cabinets d’avocats, des lobbyistes -sans parler de l’Etat qui a tenté à plusieurs reprises d’amener les deux groupes à négocier alors que tout cela se déroulait sur fond de crise Covid.

Tout est bien qui finit bien ?

Pour Veolia c’est sûr. Le groupe dirigé par Antoine Frérot va voir son chiffre d’affaires bondir de 26 à 37 milliards d’euros. Veolia change de dimension sur la scène mondiale, dans un métier, les services à l’environnement, qui se développe partout. Partout, il y a une demande de plus en plus forte pour l’assainissement de l’eau, pour le traitement, le recyclage, la valorisation des déchets, pour la transition écologique. Ce sont des métiers technologiques et stratégiques. L’eau est un bien essentiel et rare par excellence- et les deux groupes français ont une compétence reconnue au plan mondial.

Mais que restera-t-il du groupe Suez ?

Le nouveau Suez fera environ sept milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploiera 45.000 personnes, soit la moitié de l’effectif actuel de Suez -Veolia, pour mémoire, c’est 180.000 salariés. Le nouveau groupe Suez sera centré principalement sur ses activités françaises, le reste étant racheté par Veolia. Cela dit, même amputé d’une grande partie de ses activités, Suez restera un concurrent de Veolia dans l’Hexagone : il pourra continuer à rivaliser pour décrocher le marché de l’eau ou des déchets de telle ou telle collectivité locale. C’était important pour les élus, pour les maires, de continuer d’avoir le choix entre plusieurs opérateurs privés. Bruxelles de toute façon imposait ce découpage pour préserver la concurrence. Restent deux grands défis : côté Suez France, il va falloir motiver les équipes qui auraient préféré continuer à faire partie d’un grand groupe mondial. Et côté Veolia, il faudra réussir l’intégration de l’autre moitié des salariés de Suez, ce n’est jamais la partie la plus simple dans une OPA. Surtout quand les équipes se sont battues pendant des mois les unes contre les autres.