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Un dispositif de concertation et de conciliation va être proposé par le ministère de l'Économie, comme l'a annoncé Bruno Le Maire mercredi. Son but est de "proposer une solution sur mesure" aux entreprises endettées pour franchir cette crise du coronavirus. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’inquiétude monte face au "mur de dette" auquel font face les entreprises. Au point que le gouvernement envisage d’effacer certaines dettes pour éviter les faillites.

Ce qui remonte du terrain, c’est que de plus en plus d’entreprises sont étranglées par les dettes accumulées depuis le début de la crise du Covid. Et quand elles se présentent devant les tribunaux de commerce, c’est souvent trop tard. Huit entreprises sur dix sont alors purement et simplement liquidées, un taux inédit depuis vingt ans. Il faut dire que les entreprises françaises ont abordé la crise avec un niveau de dette qui était déjà supérieur à la moyenne de nos voisins. En France, traditionnellement, on se finance plus par crédit bancaire que par des fonds propres. Cette fragilité de la structure financière de beaucoup d’entreprises les rend plus vulnérables en cas de choc.

Pour éviter un tsunami de faillites, Bercy envisage d’annuler une partie de ces dettes.

Bruno Le Maire travaille à plusieurs formules d’étalement voire d’annulation d’une partie des dettes. Bien sûr, cela se ferait "au cas par cas", explique-t-on à Bercy. Après une crise, lorsque la reprise se dessine, il y a toujours un moment de vérité et nous y sommes : les aides, les prêts garantis, les moratoires sur les charges, les avances remboursables etc. tous ces dispositifs qui ont permis de tenir vont s’estomper et il faut éviter que cela ne se traduise par des faillites en chaîne. Le problème, c’est que l’État n’a pas vocation à aider tout le monde ni à soutenir des entreprises qui de toutes façons ne seraient plus viables.

Il va falloir faire le tri.

Et c’est tout le problème : on peut comprendre que l’État, sous la pression, veuille sauver telle ou telle entreprise qui semble passagèrement étranglée par ses dettes mais qui lui paraît saine. La question est de savoir où on place le curseur, quels critères on retient, jusqu’où l’on va dans le soutien. Faut-il aussi privilégier tel ou tel secteur ? On voit bien que lorsque l’on entre dans le détail, cela devient très compliqué. On peut aussi questionner la philosophie de cet interventionnisme étatique. Le risque, c’est que l’État sauve ce que l’on surnomme des "entreprises zombies" qui ne sont pas viables mais sont maintenues artificiellement en vie, ce qui crée des distorsions de concurrence. Le sujet n’a pas fini de faire débat.