3:05
  • Copié

L'Agence internationale de l’énergie demande aux compagnies pétrolières d’arrêter toute prospection pour tenir les objectifs de réduction des émissions de CO2. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’avertissement est inédit : pour tenir les objectifs de réduction des émissions de CO2, l’Agence internationale de l’énergie dit aux compagnies pétrolières d’arrêter toute prospection.

C’est radical et c’est un tournant historique car il faut se souvenir que l’Agence internationale de l’énergie avait été créée dans la foulée du premier choc pétrolier de 1974 qui avait traumatisé les pays développés. À l’époque, le monde craignait de manquer de pétrole et la mission de cette agence mondiale était de s’assurer que le marché de l’or noir ne connaisse plus de pénurie. Aujourd’hui, cette même agence rêve en quelque sorte de pénurie puisqu’elle préconise que les compagnie pétrolières et gazières arrêtent dès cette année tout projet d’exploration de nouveau site.

Elle ne peut pas l’imposer.

Non, mais elle envoie un signal aux États avant la COP26 qui se tiendra à Glasgow en novembre. Le Danemark a annulé des licences d’exploration de pétrole et de gaz. En entrant à la Maison-Blanche, Joe Biden a suspendu les licences de forage sur les terres fédérales. C’est temporaire mais c’est nouveau. Et du côté du secteur privé, les choses bougent aussi. Ce mardi, Engie a annoncé qu’il voulait porter sa capacité de production d’électricité renouvelable de 30 à 80 gigawatts d’ici 2030. Quant aux pétroliers comme Total, BP ou Shell, ils investissent tous massivement dans le solaire et l’éolien, même si aucun n’est prêt à arrêter l’exploration de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz.

Arrêter, ce n’est pas réaliste ?

L’AIE pense que si. C’est très ambitieux car l’énergie dans le monde dépend à 80% du fossile. Mais l’AIE estime que le pétrole pourrait chuter de 70% d’ici 2050 et le charbon de 90%. En revanche, l’éolien et le solaire, qui pèsent 10% actuellement, pourraient en représenter 70% à cette échéance. Le nucléaire aurait aussi sa place dans ce mix énergétique. Pour arriver à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, l’Agence préconise aussi la fin des voitures thermiques en 2035, un objectif que plusieurs pays sont en train d’adopter. Bref, ce que nous disent les experts de l’AIE, c’est que le monde a un gros quart de siècle pour apprendre à vivre sans pétrole, sans gaz et sans charbon. Et ça commence aujourd’hui.