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Alors que la première vague avait permis à Amazon d’augmenter ses parts de marché, la deuxième vague va considérablement accentuer sa domination. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est le grand gagnant de la deuxième vague: Amazon est aussi indispensable que critiqué.

Amazon symbolise l’ambiguïté qui nous habite. Le consommateur confiné que nous sommes ne peut plus s’en passer et le citoyen que nous sommes aussi se lamente des dégâts qu’il provoque dans le petit commerce. C’est ce que l’on pourrait appeler le paradoxe des Gafa. Le service d’Amazon, de Google ou de Facebook est d’autant plus efficace que ces colosses écrasent la concurrence. Plus les pays se confinent, plus ils réduisent les interactions sociales et plus ces services prospèrent. Amazon, c’est l’envers du virus, une sorte d’oxymore du commerce. Moins il y a d’échanges physiques et plus ce commerçant grandit et engrange des bénéfices.

Et rien ne semble l’arrêter.

Les commerces ferment, Amazon embauche. Le géant américain emploie plus d’un million de personnes contre 30.000 il y a dix ans. Il n’y a pas beaucoup d’autres organisations qui ont un personnel aussi nombreux. L’Armée chinoise compte 2,3 millions de personnes, le distributeur américain Walmart est à un peu plus de deux millions. Mais aucun ne connaît la croissance d’Amazon qui a créé 400.000 emplois depuis le début de l’année. À ce rythme-là, Amazon grandit de l’équivalent d’un Carrefour en neuf mois. Il n’y a pas que les petits commerces qui peuvent en avoir peur. Rien qu’au troisième trimestre, Amazon a réalisé un chiffre d’affaires de 96 milliards de dollars, plus que Carrefour en un an, et engrangé un bénéfice de six milliards.

Et c’était avant la deuxième vague du virus.

La première vague lui avait permis d’augmenter ses parts de marché, la deuxième vague va accentuer sa domination. Cela dit, Amazon n’est pas le seul à profiter de cette période. Les champions français du eCommerce comme Cdiscount et Fnac.com ne sont pas en reste. Le choc du confinement amène aussi les enseignes de proximité à s’organiser face à ce tsunami, notamment en développant ce que l’on appelle le "click and collect" comme le font les libraires avec des sites comme Placedeslibraires.fr ou Parislibrairies.fr. Le problème c’est que la crise du virus accélère le virage numérique. Or il faut du temps et de l’argent pour s’adapter à des changements aussi massifs. En pleine crise, c’est ce qui manque le plus. Pour beaucoup de commerçants hélas, l’histoire va trop vite.