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17,9 milliards de dollars : c'est le montant du profit net dégagé par Google au premier trimestre. Une situation qui fait débat aux Etats-Unis, où la question de la domination des géants de la Tech se pose de plus en plus.

Google, Facebook, Apple... Les profits des Gafa sont de plus en plus élevés. Et la question commence à se poser aux Etats-Unis : est-ce tout à fait sain ? 

Et poser la question, c’est déjà un peu y répondre. Commençons d’abord par situer l’échelle de ces super ou hyper profits : Google a dégagé un profit net de 17,9 milliards de dollars au premier trimestre, presque trois fois plus que l’an dernier. Mais faites le calcul : ça fait un milliard et demi de dollars de profit par semaine, plus de 200 millions par jour.

Vous allez me dire : tant mieux pour eux, c’est grâce à ces profits que les Google et autres Facebook, Apple ou Amazon investissent et financent l’innovation. Sauf qu’il y a un moment où trop de profits peut être aussi le signe d’un manque de concurrence, le signe qu’un groupe est devenu tellement puissant qu’il adopte un comportement de prédateur pour se transformer en super-rentier. 

Et on en est là avec les Gafa ? 

Aux Etats-Unis, et en particulier dans l’administration Biden, de plus en plus de voix influentes le pensent et veulent même agir pour brider la puissance de ces empires du numérique. Qui, au fond, heurtent la tradition libérale américaine : les Etats-Unis, c’est le pays de la libre entreprise or un Google ou un Facebook ont désormais les ressources suffisantes pour tuer leurs concurrents dès qu’ils deviennent un tout petit peu menaçants. Dès qu’ils menacent leur rente, leur position acquise.

Bref, les géants de la tech portent atteinte à cet esprit de concurrence et de libre-entreprise qui est au fondement de l’économie américaine. C’est en tout cas la critique qui leur est faite. 

Et l’administration Biden se dit prête à croiser le fer.

Oui ! Joe Biden vient de nommer Commissaire à la concurrence une jeune avocate de 32 ans, Lina Khan, qui s’est fait connaître pour sa vision radicalement nouvelle de la lutte contre les monopoles. Dans la tradition américaine classique, on juge qu’une entreprise est en situation dominante si elle fait payer ses produits plus cher aux consommateurs. Or Lina Khan a montré que cette vision n’était plus valable à l’ère du numérique et que le critère pour juger si une entreprise est dominante, donc doit être éventuellement démantelée, c’est de voir si le consommateur a vraiment du choix.

On voit bien que ça change tout : si un moteur de recherche est archi-dominant comme Google ou si un Amazon truste le commerce en ligne, c’est bien qu’il y a un problème. Les super-profits des Gafa sont d’ailleurs un signe de leur position dominante. Seront-ils pour autant un jour démantelés ? C’est une autre histoire.