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Ce mercredi, notre journaliste Emmanuel Duteil revient sur la fusion entre TF1 et M6. Les deux chaînes de télévision ont annoncé il y a quelques semaines, se rapprocher pour créer un géant télévisuel français. Si ce nouveau groupe souhaite concurrencer Netflix ou encore Amazon, il devra cependant convaincre le CSA et l'autorité de la concurrence pour voir le jour. 

Emmanuel Duteil, vous êtes le chef du service économie d’Europe 1. M6 a publié hier soir ses résultats semestriels. Ils sont très solides et ce sera au tour de TF1 dans une heure. L’occasion de revenir avec vous Emmanuel sur la fusion annoncée en mai entre les 2 géants de l’audiovisuel privé. On en est l'avance du projet ?

Ça avance. Les instances représentatives du personnel des différents groupes ont approuvé unanimement fin juin le projet de rapprochement entre les 2 entités. Cette étape consultative était de loin la plus simple à franchir. Le gros du morceau va être maintenant de convaincre le CSA et le l’autorité de la concurrence. Les premiers contacts ont déjà eu lieu mais on est plutôt dans de l’informel. C’est à la rentrée que l’autorité de la concurrence va entrer dans le vif du sujet. Elle va auditionner ce que l’on appelle les tiers, c’est-à-dire tous ceux qui pourraient être impactés par ce bouleversement. Et selon une source bien au courant du dossier, ça ne va pas être simple de convaincre et d’arracher cette fusion.

C’est donc loin d’être fait Emmanuel Duteil ?

C’est en effet un feuilleton à rebondissements à l’issue bien incertaine. La patronne de l’autorité de la concurrence le dit très clairement : ce dossier fait pour nous "l'objet d'un plan très détaillé d'analyse et de méthode", car il y a "un certain nombre d'éléments de complexité". Le point le plus complexe c’est celui autour de la publicité. Si on s’en tient à la grille de lecture normale le dossier de fusion n’a aucune chance de passer. A eux 2  TF1 et M6 pèseraient les ¾ du marché pub télé, c’est bien sur beaucoup trop. C’est pour cela que les 2 acteurs plaident pour une vision plus large du marché et ils veulent que soit intégrée la publicité digitale. L’autre point de blocage c’est autour de la production de contenus. Beaucoup d’acteurs qui produisent séries, films ou émissions craignent d’avoir moins de débouchés avec un groupe unifié. Une question se pose aussi autour de l’acquisition des droits par exemple d’évènements sportifs, le fait que plusieurs acteurs se battent fait monter les prix. Un tel rapprochement pourrait donc pénaliser certains sports par exemple.

On le voit c’est un chemin semé d’embuches mais est-on confiant chez TF1 et M6.

Officiellement oui et je peux vous dire que les conseils s’activent de toutes parts pour vendre ce rapprochement et tenter de lever toutes ces barrières qui ne sont pas loin de ressembler à des murs infranchissables. En tout cas la présentation des résultats des 2 groupes est une bonne occasion de prendre le pouls des espoirs de réussite de ce deal qui n’a qu’un but, tenter de concurrencer modestement les Netflix, Amazon, Disney et autres plateformes qui raflent tout sur leur passage.