Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
"L’Italie réglerait la plupart de ses problèmes si elle avait sa propre monnaie" : il a suffi de cette petite phrase d’un dirigeant italien pour mettre le feu à la zone euro.
C’est le spécialiste des questions économiques de la Ligue, l’une des deux composantes de la coalition, qui l’a prononcée. Et même si ses partenaires l’ont aussitôt contredit, le mal était fait. Entre l’Italie et ses créanciers, la confiance est en chute libre. Ils exigent donc des taux de plus en plus élevés pour prêter de l’argent à l’État italien. Jamais depuis plus de quatre ans, l’écart de taux d’intérêt n’a été aussi élevé avec l’Allemagne. Pire : vous savez que la dette des États est évaluée en permanence par des agences de notation pour mesurer la qualité de signature des pays. Or la dette de l’Italie est désormais à deux doigts de tomber dans la catégorie dite des "junks bonds", des obligations pourries.
Ce qui fait courir un risque à toute la zone euro ?
Exactement. Nicolas Barré ne croit pas un instant que l’Italie quitte l’euro et revienne à la lire. Le problème, c’est que cette possibilité, aussi infime soit-elle, est entrée dans la tête des créanciers qui ne sont pas du genre à prendre des risques. Le cirque politique auquel on assiste en ce moment à Rome avec une coalition qui n’est d’accord sur rien sauf sur le creusement du déficit est inquiétant. Quand le domino italien tremble, cela menace l’Espagne, le Portugal, la Grèce. Ces pays ont fait énormément d’efforts pour remettre de l’ordre dans leurs comptes publics. Il serait tragique les Espagnols, les Portugais, les Grecs soient pénalisés parce que des populistes ont pris le pouvoir à Rome et qu’à cause d’eux, les taux d’intérêt grimpent dans les économies les plus faibles de la zone euro. C’est malheureusement le scénario auquel on assiste en ce moment.
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