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La carrière de Jacques Chirac dessine un grand écart qui reflète les contradictions françaises, entre tentation des réformes radicales et peur de la rue, étatisme et rejet de l’impôt.

En matière économique, le Jacques Chirac libéral-thatchérien des débuts s’est transformé au fil des années en défenseur du statu quo.

Sa carrière dessine un grand écart qui reflète les contradictions françaises, entre tentation des réformes radicales et peur de la rue, étatisme et rejet de l’impôt. Chirac a d’abord été fasciné par la révolution conservatrice de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher. Il s’en inspire au pouvoir pendant la cohabitation de 1986. Le Premier ministre libéral qu’il est privatise à tour de bras : Société Générale, Paribas, Saint Gobain, Suez, Matra, TF1 etc. Il supprime l’impôt sur les grandes fortunes de François Mitterrand, supprime l’autorisation administrative de licenciement. Ces mesures obéissent à un grand dessein, libérer l’économie française.

Mais cette vision en cache une autre, beaucoup plus conservatrice ?

Le Chirac libéral gagne la présidentielle de 1995 sur le thème de la fracture sociale. Le radical-socialiste qu’il a toujours été l’emporte sur le réformateur. Lorsqu’il est réélu en 2002 face à Jean-Marie Le Pen, il engage certes un programme de baisse de l’impôt sur le revenu. Mais au prix d’une dérive des dépenses publiques et de la dette. Il amorce l’alignement des retraites des fonctionnaires sur celles du privé et assouplit les 35 heures. Mais il recule en rase campagne sur la libéralisation du marché du travail en déclarant caduc le Contrat première embauche tout juste voté par le Parlement. Le chiraquisme se transforme en immobilisme -c’est la critique de Nicolas Sarkozy qui fait mouche en 2007. Le libéral a disparu. Dès les années 1970, au début du septennat de Valéry Giscard d’Estaing, Chirac dénonçait le "capitalisme sauvage". Là-dessus, au fond, il n’a jamais changé.