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Face à la menace d'espionnage par la Chine, le gouvernement de Boris Johnson a choisi de bannir l'équipementier de télécoms Huawei de la construction du réseau 5G britannique. Premier pays en Europe à prendre une telle décision, le Royaume-Uni marche dans les pas des Etats-Unis, qui ont interdit à Huawei d'utiliser leur technologie pour fabriquer des puces électroniques. 

Il y a ceux qui parlent de la menace que constituerait Huawei pour notre sécurité, et il y a ceux qui agissent : c’est le cas du Royaume Uni.

Il l’a fait mardi de manière spectaculaire et, il faut le dire, très courageuse. Le gouvernement de Boris Johnson a décidé d’interdire à l’équipementier de télécoms chinois Huawei de participer à la construction de son réseau 5G. Aucun opérateur britannique ne pourra plus acheter d’équipements Huawei, ce dernier étant soupçonné, sans preuve formelle jusqu’ici, d’espionnage au profit de Pékin. Ce qui a convaincu le gouvernement britannique, c’est la décision des Etats-Unis d’empêcher Huawei d’utiliser une technologie américaine pour fabriquer des puces électroniques : ça veut dire qu’à l’avenir, Huawei utilisera des puces chinoises beaucoup moins sûres.

En fait, Londres considère que Huawei aura plus de facilité à espionner les données.

Exactement, et ce sera plus difficile à détecter. La décision de Londres est cohérente avec ce que disent les services secrets : il y a quelques jours, l’ancien chef du MI6, Sir John Sawers, avait pris la plume dans la presse pour dénoncer le risque d’espionnage. Rien de mieux qu’un maître espion à la retraite pour dire tout haut ce que les services pensent vraiment. La décision de Londres contraste en tout cas avec la position des autres pays européens qui ont été moins loin et qui se gardent bien de franchir la ligne rouge. Aucun n’a été jusqu’à chasser Huawei de ses réseaux, de crainte des représailles chinoises.

Les autres pays reculent aussi devant le coût que représente l’exclusion de Huawei.

Oui, les opérateurs britanniques sont d’ailleurs les premiers à s’en plaindre, ça coûtera cher. On parle de deux milliards de livres. En France, Bouygues et SFR n’ont aucune envie de dépenser des centaines de millions d’euros chacun pour se débarrasser de leurs équipements Huawei qui font marcher la moitié de leurs réseaux mobiles. Et au-delà des opérateurs, il y a le coût, par définition inconnu, des sanctions que pourrait prendre la Chine en cas de boycott.

Reste que si le Royaume-Uni est capable de prendre une telle décision, on ne voit pas pourquoi les Européens à 27 n’en seraient pas capables. Ces dernières semaines, que ce soit sur Huawei ou sur Hong Kong, le Royaume-Uni a osé le bras de fer avec la Chine alors que l’Europe se montrait beaucoup plus prudente. Le panache est plus à Londres qu’à Bruxelles.