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Boris Johnson va annoncer cette semaine une série d'initiatives vertes dont l'interdiction de la vente de véhicules à essence ou diesel neufs à partir de 2030. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

La fin des voitures à essence ou diesel se rapproche. Le Premier ministre britannique Boris Johnson veut interdire ce type de véhicules dès 2030.

Boris Johnson se découvre une vocation d'écolo. Actuellement en difficulté sur le plan politique, il a perdu beaucoup de soutiens dans le camp conservateur. Le Premier ministre britannique veut reprendre la main. Il va annoncer cette semaine une série d'initiatives vertes dont une retient particulièrement l'attention : l'interdiction de la vente de véhicules à essence ou diesel neufs à partir de 2030. L'histoire s'accélère. L'an dernier, le Royaume Uni avait fixé cet objectif à 2040. En février, Londres a ramené la date à 2035. Désormais, c'est donc 2030. Qui dit mieux ? À part la Norvège qui veut y arriver dès 2025, aucun grand pays ne s'est donné un objectif aussi rapproché.

Ça va mettre la pression sur les autres.

Oui mais ce qui surprend dans le cas britannique, contrairement à un petit pays comme la Norvège, c'est qu'ils ont une industrie automobile importante. Et qui plus est déjà très destabilisée par le Brexit, puisque beaucoup de constructeurs ont cessé d'investir dans leurs usines britanniques pour se concentrer sur le reste du continent européen. Cette interdiction des véhicules thermiques à un horizon aussi rapproché ne va donc pas arranger leurs affaires.

Dans son élan écolo, Boris Johnson prévoit aussi d'interdire les véhicules hybrides à peine plus tard, en 2035. Ce qui fait que l'on peut se demander si le volontarisme du Premier ministre britannique ne risque de se heurter à la réalité industrielle. On ne transforme pas toute une filière en un claquement de doigts. Et l'électrique est très loin de pouvoir remplacer les véhicules thermiques. Toyota et Honda, qui produisent des hybrides au Royaume Uni, ont déjà fait savoir que le calendrier mis en avant par Londres était irréaliste.

Ce qui n'empêche pas le gouvernement britannique de miser plus que jamais sur l'électrique.

Oui car ce virage vers la voiture électrique s'inscrit dans un plan plus large. Le Royaume Uni, qui accueillera la COP26 à Glasgow l'an prochain, veut atteindre la neutralité carbone en 2050. Et il est bien placé pour y arriver. Grâce à des investissements massifs dans deux directions : l'éolien et le nucléaire. Car les deux sont complémentaires : le nucléaire est la seule source d'énergie décarbonée qui peut palier les intermittences du vent et du soleil. Dans cette perspective, Boris Johnson devrait annoncer des financements pour des petits réacteurs nucléaires en plus des EPR en construction. La stratégie du Royaume Uni a le mérite d'être cohérente et plus ambitieuse que celle du reste de l'Europe. Au risque, et c'est tout de même un problème majeur, de sacrifier au passage une bonne partie de l'industrie automobile locale. La transition énergétique n'est pas un fleuve tranquille.