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Lors du G7 qui s'est tenu ce week-end Joe Biden a tenté de contrer l'influence de la Chine. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Contrer l'influence de la Chine, c'était l'objectif de Joe Biden lors du G7 qui s'est tenu ce week-end. Il a partiellement réussi.

Pas facile, en effet, d'embarquer les grandes démocraties dans une croisade contre la Chine. Le président américain a partiellement réussi. La Chine n'était pas mentionnée dans les précédents communiqués du G7. Cette fois, il y a tout un passage qui y fait référence. Car tous les grands pays présents au G7 ont des raisons de s'inquiéter. D’abord, de la stratégie de domination économique voire de prédation que déploie la Chine, Ensuite, de son indifférence à l'égard des règles d'équité commerciale qu'elle est censée respecter. Mais également, de l'absence de plus en plus flagrante même décomplexée, de réciprocité dans l'accès aux marchés. Bref, les grands pays développés ont tous des raisons de durcir le ton à l'égard d'une économie qui les menace en ne jouant pas avec les mêmes règles.

Mais leurs intérêts ne sont pas tous alignés.

Les Européens, en premier lieu les Allemands, ne veulent pas créer un climat de guerre froide qui mettrait en péril leurs intérêts. La Chine est le premier marché pour Mercedes, BMW ou Volkswagen et si l'Allemagne, par exemple, n'a toujours pas pris de mesures à l'égard de Huawei, c'est parce que Pékin a menacé de s'en prendre aux ventes de voitures de luxe. L'Italie est le seul pays du G7 à avoir accepté de participer au programme chinois de "routes de la soie" en 2019 même si elle est un peu revenue en arrière depuis. La France n'a pas formellement interdit Huawei et se veut plutôt ouverte aux investissements chinois.

En clair, le front commun voulu par Joe Biden n'est pas aussi solide que le voudrait Washington.

Non d'ailleurs les conseillers de Boris Johnson, l'allié le plus proche, ont bien précisé qu'ils voulaient que le G7 montre ce pourquoi nous sommes pour (les valeurs démocratiques, des règles de marché non faussées, l'état de droit) plutôt que de désigner un ennemi. Il reste quand même cette volonté américaine de contrer les "routes de la soie" chinoises, qui consistent à financer des projets d'infrastructure dans les pays en développement pour créer un état de dépendance à l'égard de Pékin. Les États-Unis promettent de mettre en place une initiative concurrente qu'ils ont appelée "B3W" pour Build Back Better World. Reste à lui donner du contenu avec de l'argent. Et ça, c'est le problème des démocraties : il y a des parlements et en particulier un Congrès américain qui n'est pas forcément prêt à suivre le président américain dans tous ses programmes de dépense.