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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le gouvernement a renouvelé le mandat de Jean-Bernard Lévy à la tête d’EDF. Ses défis sont gigantesques. L’avenir même du groupe public est incertain.

 

Il y a un côté "État dans l’État" chez EDF, c’est un empire qui produit 85% de l’électricité française. Et qui gère le plus grand parc nucléaire du monde. Et pourtant, cet empire qui s’est longtemps cru insubmersible est fragilisé. EDF a dû racheter la moitié d’Areva pour sauver la filière nucléaire française. La concurrence est à ses portes : EDF perd jusqu’à 100.000 clients par mois au profit de concurrents comme Total. Et d’autres sources d’énergie, de plus en plus rentables, viennent contester la suprématie du nucléaire.

Avec ce nouveau mandat, l’État donne du temps au patron d’EDF pour faire face à tous ces défis ?

Oui et c’est une excellente chose. Pour une fois, l’État-actionnaire prend une bonne décision. Dans l’énergie, on a besoin de long terme. Quand EDF a construit son parc nucléaire dans les années 70 et 80, il a eu un patron historique, Marcel Boiteux, qui a piloté le groupe pendant 20 ans. Depuis, aucun patron d’EDF n’avait fait plus d’un mandat ce qui est absurde dans cette industrie. Nous sommes aujourd’hui à un nouveau moment historique et c’est pour ça que Jean-Bernard Lévy a besoin de temps. EDF doit prouver que le nucléaire de nouvelle génération, c’est-à-dire l’EPR, est une technologie rentable. Son immense défi va être d’en faire la démonstration pour les politiques qui prendront la décision de construire de nouveaux EPR d’ici 2022 -année de la prochaine présidentielle. D’ici là, il faut donc que Flamanville fonctionne et soit un succès.

L’autre grand défi est financier ?

EDF est lourdement endetté, 34 milliards d’euros, mais doit surtout beaucoup investir dans les années à venir, ce qui va alourdir encore sa dette. Il doit investir dans son parc nucléaire, avec des réacteurs dont la durée de vie est prolongée jusqu’à 50 ans. Et il doit investir dans les énergies renouvelables dont la part doit augmenter en France, au nom de la transition énergétique. Pour cela, il faudra sans doute réorganiser le groupe, créer deux grandes entités à l’intérieur d’un groupe unique, avec le nucléaire d’un côté et le reste de l’autre. Les défis sont immenses car, au fond, un patron d’EDF engage la France pour une génération.