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Le plan de relance américain a permis un net rebond de la croissance, une stratégie qui pourrait inspirer l'Europe. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Un an après le choc du covid, l’économie américaine repart sur les chapeaux de roue, un rebond plus fort et plus rapide que chez nous.

La banque centrale américaine a livré ce mercredi soir ses prévisions pour la première économie mondiale cette année. Des prévisions qui font envie : une croissance "à la chinoise" de 6,5%, alors qu’il y a trois mois la Réserve fédérale prévoyait un rebond nettement inférieur. Et un taux de chômage ramené à 4,5% d’ici la fin de l’année. Bref, les États-Unis auront vite effacé l’effet de la crise Covid, grâce il est vrai à des plans de relance massifs, beaucoup plus massifs qu’en Europe.

Et ça va creuser les écarts de croissance entre les deux rives de l’Atlantique.

Exactement car selon les dernières prévisions de l’OCDE, la zone euro devrait connaître une croissance de 3,9% cette année, donc bien loin des 6,5% des États-Unis. Le retard de vaccination n’explique pas cette différence de rythme de croissance : nous avons un décalage d’un mois avec les Etats-Unis sur les vaccins. Ils auront atteint l’immunité collective début juillet, en Europe, ce sera fin juillet. La différence de croissance tient plutôt d’abord à l’ampleur des plans de soutien à l’économie. Le "pays du libéralisme" a frappé très fort et très vite en termes de dépenses publiques. Quand la crise frappe, les États-Unis savent mobiliser toutes les ressources de l’Oncle Sam, quoi qu’il en coûte. En Europe, on a tendance à minimiser les plans américains en disant qu’ils incluent des dépenses sociales qui existent de toutes façons chez nous. Mais le fait est qu’ils ont mobilisé plus d’argent public dans cette crise et qu’ils vont en sortir plus vite.

Est-ce que ça plaide pour renforcer les mesures de soutien en Europe ?

Ça plaide d’abord pour que ces mesures de relance interviennent vite, ce qui n’est pas assez le cas. Les fonds européens qui ont été adoptés pour la relance (750 milliards d’euros) doivent être débloqués et dépensés. Or ça prend plus de temps qu’aux États-Unis. Faut-il faire plus ? Le débat est lancé. La Banque centrale européenne elle-même, que nous avons interrogé au plus haut niveau, n’exclut pas qu’il faille faire plus -alors qu’ils sont en général plutôt conservateurs en matière de dépenses publiques. Dans les semaines qui viennent, le contraste entre les deux côtés de l’Atlantique va être de plus saisissant entre une Amérique qui repart, avec des bars et des restaurants qui rouvrent, des aéroports qui se remplissent, des consommateurs qui sortent et qui dépensent. Et une Europe où l’ambiance est encore au reconfinement total comme en Italie ou partiel comme en Allemagne ou chez nous.