Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Sommes-nous entrés dans la société de déconsommation ? Dans leur vie quotidienne, les Français consomment de moins en moins et ce n’est pas une question d’argent.
Non, c’est même le contraire. En quantité, les Français achètent de moins en moins de produits. Je parle ici vraiment des produits de la vie courante, de l’alimentation, des produits d’entretien. Les chiffres sont incroyables. Les achats de produits du quotidien, en volume, en quantité, n’ont jamais autant baissé depuis cinq ans. Les ventes de biscuits ou de charcuterie, par exemple, ont reculé de 3% au premier semestre. Même les produits d’entretien comme la lessive sont en baisse.
Et pourtant, quand on passe à la caisse, l’addition ne baisse pas.
On achète moins mais plus cher. D’abord, ce qui fait un tabac, c’est tous les produits "sans" : sans sucres ajoutés, sans antibiotiques, sans OGM, sans gluten. Les ventes de compotes sans sucre ajouté ont augmenté de 21%. On en achète moins, mais de meilleure qualité. Tous ces produits "sans" sont aussi plus chers. Le jambon "allégé en sel", a augmenté de 3% alors que les autres, généralement moins chers, reculent. Bref, les produits de grande consommation classiques en prennent un coup.
On voit vraiment des changements d’habitudes.
Oui, on consomme pour se sentir mieux, physiquement et dans sa tête. Les ventes de shampoing vegan s’envolent alors que les shampoings classiques reculent de 1,2%. Le marché du bio a explosé de 17% l’an dernier en France. Et pas seulement parce qu’on veut de la qualité. Il y a aussi une dimension de proximité, disons citoyenne, dont profitent les PME locales au détriment des multinationales. Et quand vous parlez aux dirigeants de Carrefour, Leclerc ou Casino, tous vous le disent : cette tendance s’accélère de manière spectaculaire.
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