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La France a connu en 2020 sa pire récession selon les chiffres dévoilés par l'Insee, l’économie aura plongé d’environ 9% l’an dernier. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’Insee l’annonce ce matin : la France aura connu l’an dernier la pire récession depuis que les statistiques du PIB existent.

Un énorme décrochage puisque l’économie aura plongé l’an dernier d’environ 9%. Lors de la grande crise financière de 2008, c’est bon d’avoir cette échelle en tête, notre économie n’avait chuté que de 2,9%. C’est donc trois fois pire cette fois-ci. Si on se compare aux autres, sachez que le choc a été beaucoup plus fort chez nous qu’en Allemagne où il est à -5% "seulement". Le coup d’arrêt dû aux confinements a été plus brutal en France que dans les autres pays européens, exception faite de l’Italie, de l’Espagne et de la Grèce.

Concrètement, ce sont des dizaines de milliards d’euros de richesse qui se sont évaporés.

Là encore, ayons quelques ordres de grandeur en tête. Quand notre économie chute dans ces proportions, cela veut dire que nous produisons 200 milliards d’euros de richesse en moins. 200 milliards, c’est par exemple cinq fois le budget de la Défense. C’est un peu plus que le total des recettes de TVA d’une année. C’est plus de deux ans d’impôt sur le revenu. Et si on ramène cette perte de richesse par habitant, faites le calcul, ça signifie que nous nous sommes appauvris collectivement de 3.250 euros par personne. Et pourtant, le pouvoir d’achat moyen des Français n’a reculé que de 0,3%. Pourquoi ? Parce que l’État a amorti le choc, grâce notamment au chômage partiel.

Quel va être le scénario cette année ?

Les pertes de richesse, nous ne les comblerons pas en 2021. L’économie va rebondir car nous partons de très bas, mais il faudra attendre 2022 pour que la France retrouve le niveau de richesse qui était le sien en 2019. Les économies européennes vont encore tourner 10-15% en-dessous de leurs capacités normales. Pourquoi ? D’abord parce que nous allons mettre des mois avant de vacciner les deux-tiers de la population. Ensuite parce que les mesures de soutien européennes tardent à être débloquées. Enfin parce que les entreprises ont accumulé beaucoup de dettes et que leur santé financière est donc fragilisée. Tout cela crée beaucoup d’incertitude sur l’ampleur du rebond économique que l’on peut espérer cette année. Bruno Le Maire a dit qu’il fallait oublier le scénario d’une croissance forte de 6%. L’Allemagne anticipe 3%. Nous serons probablement quelque part entre ces deux chiffres. Mais ça ne permettra pas hélas de regagner tout le terrain perdu l’an dernier.