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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Depuis trois mois, les dirigeants de Renault et de Nissan avaient du mal à rester zen, c’est en train de changer pour la première fois.

Depuis trois mois, entre Renault et Nissan, il n’y avait que des tensions, de l’acrimonie et de la suspicion. Changement complet de paysage ce mardi matin puisque les dirigeants de Renault, Nissan et Mitsubishi, le troisième partenaire de l’Alliance, se retrouvent ensemble pour mettre en place un nouveau Conseil de l’Alliance. En clair, ils sont en train de faire la démonstration que cette Alliance un peu baroque peut survivre à Carlos Ghosn. On le croyait totalement incontournable. On pensait que sans lui, l’Alliance allait s’effondrer. Ces dernières semaines, on n’est pas passé loin de la rupture, ça a vraiment tangué.

 

Mais l’Alliance a été la plus forte ?

Le pragmatisme l’a emporté. Renault, Nissan et Mitsubishi se sont mis d’accord en un temps record pour créer cette nouvelle instance qui prendra, par consensus, les grandes décisions sur les projets communs des trois constructeurs. Elle supervisera aussi leurs opérations. Tout en respectant l’indépendance de chacun. Ce conseil réunira les PDG des trois groupes. Elle se réunira à Paris et à Tokyo. Finies les structures créées aux Pays-Bas pour gérer l’Alliance du temps de Carlos Ghosn. Cette page est tournée. Cette nouvelle organisation de l’Alliance, on la doit très largement à Jean-Dominique Sénard, l’ex-patron de Michelin qui a pris la présidence de Renault et qui présidera du coup ce conseil de l’Alliance.

Ça ne change pas l’équilibre capitalistique, Renault reste l’actionnaire de contrôle de Nissan ?

Oui mais cette question d’un éventuel rééquilibrage, voulu par les Japonais, n’est pas prioritaire. Ce qui était prioritaire pour les trois groupes, c’est d’afficher leur bonne entente. Franchement c’est une prouesse d’avoir réussi à refonder l’Alliance post-Ghosn sur des bases plus claires. C’est un vrai succès pour Jean-Dominique Sénard qui, par son caractère, est peut-être le plus japonais des patrons français : c’est un homme de dialogue, de compromis, subtile dans ses rapports humains. Il est sans doute plus zen que beaucoup de Japonais. En tout cas il a ramené de la sérénité à un moment critique, puisque les deux constructeurs automobiles ont bouclé une année 2018 sur des résultats en baisse. Leur alliance est plus nécessaire que jamais.