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Chaque samedi et dimanche, Emmanuel Duteil, rédacteur en chef du pôle France d'Europe 1 donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Ce week-end c'est Emmanuel Duteil qui nous accompagne pour le j'aime - j'aime pas de Nicolas Beytout. Bonjour Emmanuel. Ce samedi matin vous aimez la libération de Carlos Ghosn.

Alors on va commencer par mettre les pieds dans le plat. Si j'aime sa libération, l'idée n'est pas de dire qu'il est blanc comme neige et qu'il n'a pas commis d'erreurs. L'idée n'est pas non plus de critiquer le système judiciaire japonais, même si on peut se dire que ça semble quand être un peu dur vu d'Europe, mais chaque pays de droit à ses règles. On ne va non plus revenir sur la première image dévastatrice de sa sortie de prison, ses avocats japonais l'avait affublé d'une tenue d'ouvrier de la voirie avec une casquette sur la tête dans le but de passer inaperçu mais ça a été complètement raté. Donc si ce n'est pas pour dire tout cela, pourquoi j'aime cette libération ? Parce que nous allons peut-être savoir enfin la vérité. 

Parce que Carlos Ghosn compte bien se défendre.

Oui, et il le fait savoir par le biais de ses conseils en France. Il s'est notamment adjoint les services d'une des plus grosses agences de communication de France et ils ont vent à coup de communiqués pour nous expliquer que Carlos Ghosn est innocent et qu'il va le prouver. En prison, il n'a pas eu accès à tout le dossier. Donc là avec ses avocats, il reprend point par point les accusations et ils comptent bien selon son entourage les démonter. Parce que lui en est sûr, il est innocent et a été victime de vieille rancœur chez Nissan notamment. Carlos Ghosn parle de complot, aujourd'hui sa parole est capitale et on devra écouter sa défense.

Mais son procès a déjà été fait Emmanuel. Il y a eu tellement de sorties dans la presse.

Ça c'est sûr que ça ne va pas être simple pour lui de remonter la pente. On semble tous à peu près convaincus qu'il a eu un train de vie un peu dispendieux et que ça s'est peut-être fait au détriment de Renault et de Nissan. Et ça bien sûr c'est condamnable si c'est confirmé. Mais dans ce dossier, et même si ça n'excuse rien, il ne faudra pas oublier non plus le travail titanesque réalisé. Je peux vous dire que personne ou presque aurait imaginé que du rapprochement entre Renault et Nissan naîtrait un leader mondial de l'automobile.

Un leader qui va devoir trouver le moyen de garder cette route, et là aussi ce n'est pas simple.

Ça c'est vrai. Et la défense de Carlos Ghosn ne va peut-être pas aider : on risque de se retrouver face à un grand déballage qui pourrait nuire aux relations entre Renault et Nissan. Imaginez si on découvre des plans cachés chez l'un ou chez l'autre, ça va être sympa la réunion de famille. Et puis l'ombre de Carlos Ghosn plane toujours sur ce groupe façonné par lui et peut-être un peu trop pour lui. Les nouvelles directions vont devoir s'exonérer de cette figure tutélaire, et ça ne va pas être simple.

On est en effet à un tournant dans le monde de l'automobile.

Oui et ce n'est pas sûr que Renault et Nissan aient bien engagé le virage. Le contraste est saisissant avec PSA notamment, le groupe était à l'agonie il y a cinq ans, aujourd'hui c'est redevenu un constructeur très rentable qui innove. Sa dernière 208 présentée cette semaine à Genève en est le meilleur exemple, le style est repensé et tout le monde s'accorde à dire qu'elle est très réussie. Quant à Renault, l'entreprise a fait son premier lancement depuis la chute de Carlos Ghosn, une Clio 5 très moderne mais très ressemblante à la 4. Mais tout cela, Carlos Ghosn le regardera de très loin, car pour lui aujourd'hui l'objectif c'est de travailler à sa défense avant un procès à l'issue très incertaine.