Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La liaison express censée relier l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle à Paris sera-t-elle prête pour les JO de 2024 ? Un nouveau recours menace de faire dérailler une fois de plus ce projet.
Cette histoire est folle. Un appel d’offres a été organisé pour savoir qui piloterait ce chantier. L’État devait désigner le gagnant la semaine dernière, jeudi. Or coup de théâtre, l’un des deux candidats, Transdev, filiale de la Caisse des Dépôts, donc de l’État, porte plainte devant l’Autorité de la Concurrence. Contre qui? Contre un autre candidat public, un consortium réunissant la RATP et Keolis, une filiale de la SNCF, donc de l’État! L’État contre l’État. C’est ubuesque. Ce projet de CDG Express a déjà 50 ans de retard. On en parle depuis les années 70. Des dizaines d’études ont été réalisées. Y compris une il y a 20 ans sur le traitement des bagages: on n’anticipe jamais assez! Et après tout ce temps, l’Etat n’a toujours pas trouvé le moyen de désigner qui, au sein même de la sphère publique, allait réaliser ce projet.
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Et les JO approchent !
Et on se demande où est passé l’État-stratège, l’État qui est censé voir loin, planifier. Jadis, la France en était capable. Aujourd’hui, on le voit dans cette affaire, l’administration se perd en guerres internes, en luttes d’influence et est incapable d’aller vite, d’arbitrer. Ce n’est même pas une question de coût: on parle en effet d’un projet à environ 1,5 milliard d’euros. Ce qui n’a rien d’exorbitant pour relier l’une des plus grandes plate-formes aéroportuaires du monde. On espérait que les JO allait donner un coup de fouet. Ce n’est même plus sûr. En attendant, les passagers du monde entier auront encore longtemps le choix entre la découverte du RER B, ses arrêts multiples, ses rames bondées et totalement inadaptées aux voyageurs internationaux qui ne savent jamais où mettre leurs bagages. Ou bien les embouteillages de l’autoroute A1, complètement saturé. Au lieu de cet enfer qui peut durer 1 heure et demie, le CGD Express promettait de relier le centre de Paris en 20 minutes dans des conditions de confort dignes de ce que l’on connaît dans la plupart des autres capitales. Hélas, ça reste un rêve.
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