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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est un bras de fer qui dure depuis des mois entre le groupe de distribution Casino (qui possède Monoprix et Franprix) et des spéculateurs qui veulent sa peau ?

Depuis des mois, un certain nombre de fonds spéculatifs s’attaquent au groupe de distribution. Leur stratégie est simple : faire baisser le cours en vendant des actions à découvert. C’est-à-dire en spéculant sur le fait qu’ils pourront racheter plus tard ces actions à un cours inférieur : l’idée c’est que je vous vends 40 euros une action que j’espère racheter demain mettons 30 euros, ce qui me laisserait un bénéfice de 10 euros. Pourquoi ces fonds visent-ils Casino ? Parce que c’est une bonne cible car son principal actionnaire, celui qui a bâti le groupe, l’homme d’affaires Jean-Charles Naouri, ex-bras droit de Pierre Bérégovoy au ministère des Finances, a accumulé beaucoup de dettes, des dettes garanties par des actions Casino. L’édifice est donc fragile et plus l’action baisse, plus ceux qui spéculent peuvent espérer empocher un bénéfice. C’est un cercle vicieux.

Quelle est la parade ?

La parade radicale, annoncée hier soir, consiste à placer les sociétés de Jean-Charles Naouri, qui contrôlent le groupe Casino, en procédure de sauvegarde. Ça permet de geler la dette, en attendant qu’elle soit étalée sur plusieurs années. Et ça permet aussi de couper l’herbe sous le pied des spéculateurs. Ils ne peuvent plus espérer faire s’écrouler l’édifice. Le paradoxe de l’histoire c’est que le groupe Casino lui-même est sain. C’est son actionnaire qui est très endetté. Mais Casino, qui emploie 220.000 personnes dans le monde, est un empire avec des positions fortes: Cdiscount pour les ventes sur Internet, Monoprix, Franprix, toutes ces activités sont saines et enviées par la concurrence. Un banquier confiait ce jeudi : "les spéculateurs sont une bande de piranhas qui s’acharnent sur un animal sain".

Est-ce que cette affaire peut avoir une répercussion pour les salariés ou les clients de Casino ?

Non justement, mais si le bras de fer s’était prolongé, il y aurait pu avoir des conséquences lourdes. En obligeant par exemple Jean-Charles Naouri à vendre dans de mauvaises conditions certaines parties de l’empire Casino pour alléger la dette. Là, avec la procédure de sauvegarde, Naouri se donne du temps. Il va renégocier sa dette avec les banques mais sans avoir le couteau sous la gorge. Ça ne veut pas dire que ce sera facile. Les banques poseront des conditions. Elles sont en position de le faire. Mais au moins pendant ce temps-là, les enseignes du groupe Casino seront immunisées contre les difficultés de son principal actionnaire.