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Bruxelles accuse le Royaume-Uni de violer l’accord qui vient à peine d’être conclu, ce qui pourrait entraîner des pénalités financières ou des surtaxes sur les produits britanniques. En cause, les échanges commerciaux avec l'Irlande du Nord. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Moins de trois mois après le Brexit, l’Union européenne menace déjà Londres de poursuites pour ne pas respecter ses engagements.

Bruxelles accuse le Royaume-Uni de violer l’accord qui vient à peine d’être conclu, ce qui pourrait entraîner des pénalités financières ou des surtaxes sur les produits britanniques. C’est la deuxième fois en moins de six mois que les Européens engagent une action judiciaire contre Londres. Objet de la dispute : le commerce entre l’Irlande du Nord, qui fait toujours partie du marché unique européen, et le reste du Royaume-Uni. Vous le savez, pour éviter de rétablir une frontière à l’intérieur de l’Irlande entre le Nord et le reste de l’île, des contrôles sur les échanges de marchandises sont prévus entre l’Irlande du Nord et le Royaume Uni. Sans ces contrôles, en effet, les produits britanniques pourraient entrer librement, comme avant, sur le marché européen. Ce mécanisme a été négocié de haute lutte, mais il reste en travers de la gorge des Anglais.

Boris Johnson a donc décidé sans prévenir de reporter l’application de cet accord.

C’est ce qui a déclenché la colère de Bruxelles. Si Londres ne fait pas machine arrière, ce sera à la Cour européenne de justice de se prononcer : elle pourrait décider de sanctions financières. Pour faire bonne mesure, les Européens ont également engagé une procédure parallèle d’arbitrage, prévue par l’accord de Brexit. Et à ce titre, Londres risque cette fois des surtaxes douanières. Bref, c’est du sérieux. Cela traduit surtout le refroidissement des relations entre Européens et Britanniques. À Bruxelles, on n’a pas digéré que le représentant de l’Union européenne à Londres se soit fait refuser en janvier le statut d’ambassadeur, une décision vexatoire et de défiance. Défiance qui s’est accrue aussi ces dernières semaines au sujet des vaccins, les uns et les autres s’accusant de bloquer les exportations du précieux sérum.

Et pourtant, Londres et Bruxelles ont encore beaucoup de choses à négocier.

Oui et là c’est Londres qui est plutôt demandeur : il n’y a toujours pas d’accord sur les services financiers, Bruxelles traîne les pieds et n’est toujours pas près d’accorder aux Britanniques un statut d’équivalence pour offrir aux firmes financières installées à la City un plus grand accès au marché européen. Vu le climat de défiance qui s’installe, cette négociation risque de durer au détriment de la place financière londonnienne.