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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le français PSA et le groupe Fiat Chrysler vont-ils se marier ? L’hypothèse agite depuis longtemps le milieu automobile. Sauf que cette fois, l’histoire pourrait s’accélérer.

Chacun de leur côté, les dirigeants des deux groupes ont évoqué publiquement, la semaine dernière au Salon de Genève, la possibilité d’une alliance. Sans dire ouvertement avec qui mais les deux familles (Peugeot et Agnelli, qui sont des actionnaires importants des deux groupes) se connaissent bien, s’apprécient et se respectent. Et surtout, l’hypothèse d’un mariage entre les deux est évoquée depuis longtemps, elle n’a jamais paru aussi pertinente qu’aujourd’hui.

Pour quelles raisons ?

La première raison, c’est la révolution technologique que traverse l’industrie automobile. Un géant comme Volkswagen, par exemple, a prévu d’investir 20 milliards d’euros sur les cinq prochaines années dans les nouvelles technologies, notamment l’électrique. 20 milliards d’euros, c’est la valeur actuelle en Bourse de PSA. Pour survivre dans les prochaines années, il va donc falloir absolument avoir une taille critique. C’est ce qui explique que le trio Renault-Nissan-Mitsubishi a réussi à surmonter ses divisions : l’enjeu de leur survie industrielle est trop important. C’est aussi ce qui explique que les deux ennemis allemands, BMW et Mercedes, ont décidé de s’allier dans la conduite autonome. Ensemble, PSA et Fiat Chrysler totaliseraient neuf millions de voitures par an, pas très loin des 10 millions environ de Renault-Nissan, de Toyota ou du groupe Volkswagen. Et ils sont complémentaires sur le plan technologique.

 

Un rapprochement entre PSA et Fiat Chrysler permettrait aussi à PSA de sortir d’Europe ?

Exactement. PSA est présent en Chine, mais c’est très difficile. Il était très présent en Iran, mais ce marché est maintenant interdit à cause des sanctions américaines. Et il n’est pas du tout aux États-Unis, où bien sûr Fiat Chrysler est très gros. Tout ceci ne veut pas dire que le mariage va se faire. Mais le moment est bien choisi. Et l’État français (qui était entré au capital de PSA après la crise de 2008 quand ça allait mal) verrait d’un bon œil une telle opération, sachant qu’il n’a pas du tout envie de voir l’autre gros actionnaire de PSA (le chinois Dongfeng) prendre l’ascendant. Mieux vaut convoler avec un Italo-américain qu’avec un Chinois. En matière automobile, s’entend…