Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Coup de tonnerre avec l’arrestation de Carlos Ghosn. Nicolas Barré connaît bien le Japon, il y a vécu longtemps et il connaît également très bien Carlos Ghosn.
Plusieurs éléments sont très troublants dans cette affaire. Les circonstances de son arrestation, d’abord, à la sortie de son avion privé à l’aéroport d’Haneda, tout proche du centre de Tokyo. Une caméra était là pour filmer. Les autorités voulaient manifestement immortaliser la chute de l’icône dans une mise en scène très maîtrisée. Suivie peu après d’une conférence de presse du Pdg de Nissan, Hiroto Saikawa. Et là plusieurs choses m’ont frappé. D’abord le ton extrêmement violent de Saikawa à l’égard de Ghosn et de Greg Kelly, un autre étranger membre du conseil de Nissan et proche de Ghosn. Saikawa s’est dit extrêmement choqué, "en colère" contre Ghosn. Un ton inhabituel dans la bouche d’un patron japonais. Mais il a ajouté un autre point: Carlos Ghosn est resté trop longtemps aux manettes et "ce long règne est un facteur qui peut expliquer les dérives dont il est accusé". Enfin et surtout, c’est très révélateur, il a expliqué à plusieurs reprises lors de cette conférence de presse que le redressement de Nissan était le fruit du travail acharné des employés de Nissan, soutenus par leur famille, plus que l’œuvre en quelque sorte héroïque de ce patron hors norme.
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En clair, il a démoli le mythe Carlos Ghosn ?
Oui et il a dit autre chose de très important: il ne faut plus qu’à l’avenir, le sort de Nissan dépende autant d’un seul homme. Ce n’est pas viable. Du coup, on a l’a une toute autre explication de la sortie brutale de Ghosn. Une raison plus profonde que les malversations dont il est accusé. J’ajoute un élément de contexte: la notion d’abus de bien sociaux est beaucoup plus permissive au Japon que chez nous. Les patrons japonais sont souvent moins bien payés et il est très courant que les entreprises paient des tas de choses à leurs dirigeants qui, chez nous, relèveraient de l’abus de bien social. Faut-il en conclure que Ghosn a été écarté sur des prétextes? Rien ne permet de le dire à ce stade. Mais disons que ça tombe bien.
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C’est un coup dur pour les Français ?
Nicolas Barré a parlé hier à plusieurs grands patrons français du CAC 40 et à des Français au Japon. Ils sont tous abasourdis et se demandent tous si cette affaire ne va pas être un moyen pour les Japonais de prendre le pouvoir au sein de l’Alliance Renault-Nissan. Carlos Ghosn étant écarté, ce sera plus difficile de s’y opposer.
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