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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il s'intéresse à l’annonce-surprise du Premier ministre, ce mardi à l’Assemblée, sur la suspension de tous les vols en provenance du Brésil. Selon lui, le gouvernement semble entrer dans une séquence où il est dépassé par l’enchaînement des faits et par la pression des oppositions ou de l’opinion.

Nicolas Beytout sur l’annonce-surprise du Premier ministre, ce mardi à l’Assemblée, sur la suspension de tous les vols en provenance du Brésil. 

La samba est une danse brésilienne dans laquelle les jambes bougent d’avant en arrière tandis que les bras balayent l’air au niveau du bassin. C’est clair, sur le variant brésilien, le gouvernement danse la samba, un pas en avant-un pas en arrière, en brassant l’air de ses bras impuissants. Un jour, le ministre des Transports, Jean-Marie Djebbari, explique que laisser le trafic aérien en provenance du Brésil est "imposé par le droit" et par le Conseil d’État. Le lendemain, Jean Castex annonce le contraire et suspend tout "jusqu’à nouvel ordre". Samba samba…

Sauf que les conditions sanitaires ont peut-être changé et l’épidémie au Brésil est effectivement hors de contrôle.

Oui, mais pas depuis ce mardi. C’est surtout la pression sur le gouvernement qui a changé. Pas forcément celle des médecins qui est tellement habituelle qu’elle ne produit plus beaucoup d’effet. Non, cette fois, c’est la pression des politiques qui a fait bouger le gouvernement. Depuis deux jours, Les Républicains, le Rassemblement national et le Parti communiste exigeaient une suspension immédiate des vols. Objectif : zéro atterrissage. D’autres demandaient l’instauration d’une quarantaine, une vraie.

Une vraie ?

Pas seulement un engagement sur l’honneur des passagers promettant de rester chez eux 10 jours. Tous les témoignages ont amplement montré que c’était du carnaval. Non, isolement complet et vérifiable, voilà ce qu’ils demandaient. Ce qui est curieux dans cette affaire, c’est que l’Europe avait déjà commencé à fermer ses frontières au variant brésilien, mais en ordre dispersé, chaque pays prenant ses propres dispositions. Est-ce pour ça que la France a manqué de vigilance ? Peut-être, en tout cas, elle a fait un pas en arrière.

"Jusqu’à nouvel ordre", a dit Jean Castex.

Et un peu dans la précipitation. Une fois de plus, le gouvernement semble entrer dans une séquence où il est dépassé par l’enchaînement des faits et par la pression des oppositions ou de l’opinion. L’épisode du report raté des élections régionales est typique de cette gestion tactique ratée à cause d’une vision stratégique incertaine. Résultat, le gouvernement a paru hésiter jusqu’au dernier moment, jusqu’à l’annonce inopinée d’un décalage d’une semaine du scrutin fin juin. Un pas en avant, un pas en arrière. Dans les nombreuses phases qui se sont succédé dans la lutte contre le Covid, depuis un an (confinement-déconfinement-couvre-feu- attestation), Emmanuel Macron a eu parfois la main, parfois l’a perdue. On aborde maintenant une phase très délicate à gérer politiquement, le cap des 100.000 morts. Cette fois, il vaudrait mieux qu’il reprenne la main sur le cours des événements.