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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse aux propos douteux de Jean-Luc Mélenchon. En prédisant un "grave incident ou un meurtre" avant la prochaine élection présidentielle et en faisant un lien entre les attentats de Mohamed Merah et le scrutin de 2012, le président de la France insoumise rejoint le camp assez inquiétant des complotistes.

Les déclarations de Jean-Luc Mélenchon prédisant "un grave incident dans la dernière semaine de la présidentielle" de 2022 ont provoqué un tollé dans la classe politique.

Avec Jean-Luc Mélenchon, la première question qu’il faut se poser lorsque l’on entend ou qu’on lit une de ses déclarations, c’est "a-t-il vraiment voulu dire ça, ou s’est-il une fois de plus laissé emporter par son tempérament ?". On se souvient du fameux "La République, c’est moi", une séquence de perte de contrôle qui avait gravement nui à sa crédibilité. Cette fois-là, donc, l’important n’était pas tant le fond de ce qu’il disait, mais la forme.

Ce dimanche, ses prédictions sur un "grave incident ou un meurtre" ?

Là, c’est différent. Ses déclarations sont voulues, tellement voulues que, après le tollé qu’il a provoqué, il a passé la soirée de ce dimanche à se justifier. En vain, d’ailleurs, parce que cette fois, ce n’étaient pas les nerfs qui avaient lâché, mais quelque chose de plus grave : le sens du réel. Ce dimanche, le candidat de la France insoumise à la présidentielle de 2022 a rejoint le camp assez inquiétant des complotistes.

Sauf que lui s’en défend beaucoup.

Mais ses propos sont on ne peut plus clairs. Il annonce qu’on va "inventer une guerre civile". Inventer, donc créer de toutes pièces, fabriquer et provoquer. Qui ? "Le système", ce machin mystérieux qui tire les ficelles. Et pourquoi ? Pour  "montrer du doigt les Musulmans". Voilà, dans la tête de Jean-Luc Mélenchon, le meurtrier Mohamed Merah qui a tué des enfants juifs devant leur école était en réalité manipulé pour peser sur la présidentielle de 2012. C’est le complot, celui des puissants contre les faibles, contre les minorités. C’est la main des services qui, en grand secret, dévoient la démocratie pour servir un "système". Le délire…

Jean-Luc Mélenchon soutient que "les assassins font leur coup au moment qui fait parler d’eux".

Ça, c’est vrai, en tout cas en ce qui concerne les attentats. Mais en quoi est-ce que vouloir faire parler de son geste terroriste signifie qu’on a été manipulé par le pouvoir, et que tout ça est fait pour "inventer une guerre civile". Ça rame… Mais peut-être a-t-il trop fréquenté certains régimes d’Amérique centrale, ces démocraties qui ont une fâcheuse tendance à se transformer en dictatures, ces régimes aux mains de dirigeants adeptes des coups tordus, où le recours à l’armée et aux hommes de main est le lot quotidien. Aucun doute, là-bas, pas besoin d’inventer une guerre civile : le système policier veille au grain. Mais en France... Jean-Luc Mélenchon avait déjà montré qu’il pouvait perdre ses nerfs, voilà qu’il semble entrer dans un monde parallèle, là où les vérités n’ont plus rien à voir avec la réalité. La question désormais, c’est "est-ce qu’il serait raisonnable de lui confier le bouton nucléaire ?".