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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Après huit mois de crise du Covid, un sondage IFOP indique que les Français veulent plus d’État et moins de Libéralisme.

Le journal L’Opinion publie un sondage Ifop sur le libéralisme. Une idée qui fait son chemin…

Il faut reconnaître qu’elle fait son chemin à reculons. Lorsque l’on demande aux Français s’ils aiment ce qu’évoque le mot libéralisme, ils étaient 70% à dire oui au tournant du 21e siècle, près de 60% ces cinq dernières années et seulement 55% aujourd’hui. Une forte chute, c’est évident qui est due à la crise sanitaire et économique.

Depuis huit mois, le pays ne doit sa difficile survie économique et sociale qu’aux aides d’État, aux prêts garantis et au chômage partiel. Sans l’État, pas de préservation du pouvoir d’achat pour le plus grand nombre, pas de gratuité des soins, pas de protection sociale. Évidemment, les Français n’ont plus du tout l’idée de guetter la croissance ; les créations d’entreprises ou les progrès de la concurrence comme c’était le cas par exemple lorsque Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, se construisait sa notoriété et son image sur la libération des voyages en car et la défense de l’initiative privée et du mérite. L’ambiance a changé du tout au tout.

L’État est le sauveur, mais est-ce que les Français en veulent plus ?

Pour 82% des personnes interrogées, l’État doit en faire au moins autant et même plus. C’est d’ailleurs assez paradoxal, car si cette crise invraisemblable existe et si la France a été mise à l’arrêt pendant des mois avec des conséquences terribles sur le chômage et des milliers d’entreprises, c’est bien parce que l’État l’a décidé. C’est le seul exemple dans l’histoire d’une crise qui a été sciemment décidée, par la puissance publique. Et les Français augmentent pourtant leur capital confiance vis-à-vis de l’État.

Quel est l’homme ou la femme politique considéré comme le (ou la) plus libéral(e) ?

C’est Emmanuel Macron, comme les années précédentes. Mais il perd du terrain, son image de libéral a été complètement brouillée par sa politique d’ouverture en grand des robinets de la dépense publique. Derrière lui, ceux qui incarnent le mieux les idées libérales s’appellent Édouard Philippe, Christine Lagarde et Bruno Le Maire. Personne du côté de la droite car Xavier Bertrand, le mieux classé, a un score moitié moins important que celui d’Emmanuel Macron.

C’est peut-être une bonne nouvelle pour le président des Hauts-de-France, vu la cote d’amour du libéralisme en France.

Peut-être, mais attention, lorsque l’on regarde le classement établi par les Français de leurs concepts préférés, le libéralisme n’est qu’en 23e position, mais ce sont les mots "initiative" et "responsabilité" qui tiennent le haut du classement, suivis de près par les mots "entreprise" et "auto-entrepreneuriat" et pas avec des petits scores : plus de 90% d’adhésion. Toutes des valeurs du libéralisme. Juste après, on trouve les mots "protection" et "solidarité". Le voilà, le vrai enseignement. Au fond, si vous mettez le mot "libéralisme" de côté, les Français veulent du "en même temps", du libéral et du social.