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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'étonne que la gauche redécouvre que les riches gagnent plus que les pauvres. Elle réclame des taxes pour les plus riches qui ont réussi à épargner durant le confinement et des contreparties comme l'interdiction de licenciement aux entreprises que l'État à aider à surmonter la crise économique.

Le débat sur le budget 2021 et sur le plan de relance a commencé ce lundi en plénière à l’Assemblée nationale. Et ça promet d’être chaud…

C’est la gauche qui devrait animer les discussions, autour d’un de ses thèmes favoris qui sont les impôts et les taxes. Elle a identifié deux terrains propices pour mener son offensive. Le premier lui a été offert sur un plateau par Emmanuel Macron lors de la Convention citoyenne pour le Climat. Le chef de l’État s’était engagé à reprendre "sans filtre" 146 des 149 propositions des "citoyens". Le problème c’est que plusieurs de leurs idées consistent avant tout à créer des taxes : sur les billets d’avion, sur les frais kilométriques pour les professions indépendantes ou sur les ventes de SUV. Mais comme Emmanuel Macron s’était auparavant engagé à ne plus augmenter aucun impôt d’ici à la fin du quinquennat, il faut maintenant tuer dans l’œuf, méthodiquement, chacun de ces projets fous de taxe. Ce que Bercy fait avec une louable application, sans pour autant parvenir à empêcher les "citoyens" de hurler trop fort à la trahison et de mobiliser leurs relais à l’Assemblée. D’où un premier grabuge.

Quel est le deuxième terrain d’affrontement ?

Le second fait appel à un des plus vieux réflexes pavloviens de la gauche française, qui n’a toujours pas digéré la suppression de l’ISF et son remplacement par un impôt sur la fortune immobilière. Depuis le début de la crise, elle n’a eu de cesse de réclamer une nouvelle taxation des plus riches. Et tout s’est accéléré avec l’annonce d’une baisse de 10 milliards d’euros par an de ce que l’on appelle les impôts de production des entreprises, c’est-à-dire des impôts que payent les boîtes avant même de faire un euro de chiffre d’affaires. Eh bien non ! Dans l’univers simple de la gauche taxophile, une baisse d’impôt c’est un cadeau, ça profite aux riches ou aux entreprises qui doivent donc le rendre ou le compenser.

C’est tout le débat sur les contreparties.

Et par exemple sur l’interdiction qui serait faite aux entreprises de licencier. Comme un magnifique bond en arrière, au temps des tristement célèbres "autorisations administratives de licenciement", qui nous ont assuré un des meilleurs classements parmi les pays à plus haut niveau de chômage. Une idée brillante, on le voit.

Le débat sur un impôt sur les plus riches peut-il déboucher ?

Il va être animé, c’est sûr. Ses partisans font feu de tout bois. Une étude du Conseil d’Analyse économique vient par exemple de démontrer que, pendant le confinement, les riches ont davantage épargné que les pauvres. Nicolas Beytout a été scotché. Pendant le confinement, on ne pouvait rien dépenser. Évidemment, ceux qui ont de l’argent l’ont mis de côté. Alors que ceux qui n’en ont pas n’ont rien épargné. Quel scoop ! Mais voilà, c’est sur ce genre d’évidence que prend appui le débat éternel sur les riches en France : ils ont épargné, ils doivent donc payer. Pour l’instant, Emmanuel Macron tient, promet de tenir et de compenser avec un renforcement du plan pauvreté. Une sorte de contrepartie, là aussi.